
Tirant son nom du dieu grec des Enfers, la zone hadale s’étend au-delà de 6 000 mètres de profondeur. Si les pressions monstrueuses y régnant auraient raison de nombreuses formes de vie, il s’avère qu’une vie marine aussi riche qu’étrange y prospère.
Des environnements extrêmes
Seule espèce de poisson à évoluer à des profondeurs supérieures à 8 300 mètres, la limace de mer des Mariannes (Pseudoliparis swirei) supporte sans sourciller des pressions plus d’un millier de fois supérieures à celles régnant au niveau de la mer. Une « performance » étroitement liée au fait que ces créatures sont dépourvues de poumons (qui éclateraient instantanément) et à leur corps gélatineux, leur permettant de maintenir un gradient de pression équilibré.
Dans des conditions moins extrêmes, les molécules d’eau s’organisent sous forme de réseau tétraédrique, mais les pressions vertigineuses des abysses peuvent modifier cet arrangement et perturber des processus biologiques vitaux.
Chez la plupart des poissons des profondeurs, le N-oxyde de triméthylamine va renforcer et stabiliser les liaisons hydrogène et empêcher que l’eau que leurs organismes renferment ne se déforme. Dans le même temps, cette molécule semble également contribuer au maintien de l’intégrité structurelle des membranes cellulaires, des protéines et des enzymes.
Des analyses ont montré que les niveaux de N-oxyde de triméthylamine étaient corrélés à la profondeur à laquelle ces animaux évoluent, avec des résidents de la zone hadale en présentant les concentrations les plus élevées.

Mutation génétique
Une récente étude a révélé que les poissons vivant à plus de 3 000 mètres de profondeur présentaient une mutation spécifique du gène RFT1, augmentant l’efficacité transcriptionnelle de leur matériel génétique, et leur résilience à ces environnements inhospitaliers.
Un exemple frappant d’évolution convergente, lorsque des espèces ne partageant pas des liens phylogénétiques étroits développent la même adaptation.
Sans surprise, des pressions plus faibles s’avèrent fatales pour les créatures des abysses. Dans le cas du « poisson revenant », sa remontée entraîne quasi systématiquement l’éclatement de son dôme crânien translucide.
Pour aller plus loin, découvrez ces 10 animaux étranges qui vivent dans la fosse des Mariannes.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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