Une récente série de simulations a permis d’estimer de façon plus précise la taille de la roche spatiale massive ayant formé le plus grand cratère terrestre connu il y a des milliards d’années.
Le cratère de Vredefort
Causé par l’impact d’un astéroïde il y a environ deux milliards d’années, le cratère sud-africain de Vredefort est le plus grand de ce type sur notre planète, s’étendant sur 300 kilomètres de bord à bord. La plupart des stigmates de cet évènement cataclysmique s’étant depuis longtemps résorbés, la taille de l’objet cosmique en étant à l’origine est encore aujourd’hui débattue.
Dans le cadre de travaux publiés dans le Journal of Geophysical Research : Planets, une équipe de chercheurs dirigée par l’université Johns-Hopkins a réalisé des simulations avancées afin d’obtenir un meilleur aperçu de sa taille. Alors que les précédents modèles l’estimaient à une quinzaine de kilomètres, son diamètre aurait été compris entre 20 et 25 kilomètres, soit jusqu’à deux fois la taille de l’astéroïde ayant anéanti les dinosaures il y a 66 millions d’années. La roche géante aurait percuté notre planète à une vitesse de 15 et 20 kilomètres par seconde.
« Contrairement à celui de Chicxulub, l’impact de Vredefort n’a pas laissé de traces claires d’extinction ou provoqué d’importants feux de forêt, étant donné qu’il n’y avait que des formes de vie unicellulaires et qu’aucun arbre n’existait il y a deux milliards d’années », ajoute Miki Nakajima, co-auteure de l’étude. « Cependant, il aurait affecté le climat mondial de manière potentiellement plus importante. »
La poussière et les aérosols libérés lors de la collision se seraient répandus dans l’atmosphère et auraient bloqué la lumière du Soleil, entraînant un refroidissement généralisé pendant des jours voire des années avec un effet potentiellement dévastateur sur les organismes photosynthétiques. Après que ces particules se sont déposées, les concentrations de gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone auraient entrainé une augmentation des températures mondiales de plusieurs degrés pendant une longue période.
D’importantes implications
Selon l’équipe, ces résultats permettent de mieux comprendre comment la Terre a évolué au cours de ses milliards d’années d’existence, à travers des changements géologiques et écologiques massifs, et en dépit de nombreuses collisions majeures avec des astéroïdes.
« Comprendre la plus grande structure d’impact que nous ayons sur Terre est essentiel », explique l’astrophysicienne Natalie Allen. « Avoir accès aux informations fournies par une structure comme le cratère de Vredefort est une excellente occasion de tester notre modèle et notre compréhension des preuves géologiques afin de mieux cerner les impacts sur Terre et au-delà. »
« Il est incroyablement difficile de déterminer l’emplacement des masses terrestres à des époques aussi lointaines », poursuit Allen. « Les meilleures simulations actuelles ont permis de remonter à environ un milliard d’années, mais les incertitudes augmentent à mesure que l’on remonte dans le temps. La clarification de preuves telles que cette cartographie des couches d’éjecta peut permettre aux chercheurs de tester leurs modèles et contribuer à compléter notre vision du passé. »