L’histoire de la colonisation de l’Amérique du Nord par les Européens est jalonnée de succès et d’échecs. Parmi ces derniers, le cas de Roanoke est sans doute le plus intrigant. Il s’agit de la première tentative d’établir une colonie permanente en Amérique du Nord par les Anglais, qui s’est soldée par la disparition inexpliquée de tous les colons. Plusieurs siècles plus tard, des pierres gravées ont été trouvées, prétendant révéler le destin des colons.
Roanoke, une colonie éphémère
En 1587, une centaine de colons anglais, menés par le gouverneur John White, ont débarqué sur l’île de Roanoke, dans l’actuelle Caroline du Nord. Ils avaient pour mission de fonder la première colonie permanente en Amérique du Nord, sous le patronage de la reine Élisabeth Ire. Parmi les colons se trouvait Eleanor Dare, la fille de White, qui a donné naissance à Virginia Dare, le premier enfant anglais né en Amérique, le 18 août 1587.
Mais la colonie a vite rencontré des difficultés. Les relations avec les tribus amérindiennes voisines étaient tendues, les ressources étaient limitées et les colons étaient menacés par les Espagnols, qui contrôlaient la Floride. White est donc reparti en Angleterre pour chercher des renforts et des vivres.
Mais son retour a été retardé par la guerre entre l’Angleterre et l’Espagne. Quand il a finalement pu revenir à Roanoke en 1590, il n’a trouvé aucune trace des colons. La colonie était déserte, à part le mot “CROATOAN” gravé sur un poteau et les lettres “CRO” sur un arbre.
White a supposé que les colons avaient déménagé vers l’île voisine de Croatoan, où vivaient des Amérindiens alliés. Mais il n’a pas pu vérifier cette hypothèse, car une tempête l’a empêché de poursuivre ses recherches. Il a dû repartir en Angleterre sans avoir retrouvé sa fille ni sa petite-fille.
Une découverte intrigante
En 1937, un homme du nom de Louis Hammond prétend avoir fait une découverte qui pourrait être liée à cette affaire. Il affirme avoir trouvé une pierre portant un message gravé, en ramassant des noix près d’Edenton, en Caroline du Nord. Il la montre à des experts de l’université Emory d’Atlanta, qui sont étonnés.
La pierre porte le nom d’Ananias Dare et de Virginia Dare, qui sont respectivement le gendre et la petite-fille de White. Le message est signé par EWD, qui pourrait correspondre à Eleanor Dare, la fille de White et la mère de Virginia.
Le message raconte que les colons ont quitté Roanoke pour le continent, mais qu’ils ont été décimés par la maladie et les attaques indiennes. Seuls sept auraient survécu. Ananias et Virginia seraient morts en 1591. Le message demande à White de montrer la pierre s’il la trouve.
Une controverse persistante
La pierre de Dare est-elle authentique ou falsifiée ? C’est la question qui divise les chercheurs depuis des décennies. Certains éléments plaident en faveur de sa véracité, comme le matériau utilisé (du quartz), la langue employée (un anglais ancien) ou le style d’écriture (similaire à celui de White).
D’autres éléments sèment le doute, comme l’orthographe incohérente des mots, l’utilisation rare des initiales ou le fait que Hammond ait refusé de révéler l’emplacement exact où il a trouvé la pierre. De plus, après la découverte de Hammond, plusieurs autres pierres portant des messages similaires ont été trouvées, mais elles se sont révélées être des faux fabriqués par un faussaire.
En 2016, une nouvelle analyse de la pierre de Hammond a été menée par Ed Schrader, géologue et président de l’université de Brenau. Il a conclu que la pierre était authentique, mais il a reconnu que certains aspects restaient difficiles à expliquer.
Le mystère demeure donc entier sur le sort des colons de Roanoke et sur l’origine de la pierre de Dare. Peut-être qu’un jour, de nouvelles preuves permettront de lever le voile sur cette affaire fascinante. Pour rappel, des archéologues auraient enfin résolu le mystère de la colonie perdue de Roanoke.