Chaque année, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) constate une hausse perpétuelle des médicaments vitaux en rupture de stock. Ces pénuries constantes, dues à une mauvaise gestion dans les laboratoires, provoquent un véritable problème de santé publique. Elles entraînent même, dans les pires des cas, des décès…

 

Chaque année, les ruptures de stock s’intensifient

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a confirmé une augmentation sans précédent du nombre de « médicaments d’intérêt thérapeutique majeur » (MITM) en rupture de stock. Cette dernière se caractérise par le fait qu’une pharmacie ne puisse fournir un médicament dans les 72 heures suivant le passage d’un malade.

En 2017, l’institution a répertorié 530 de ces produits médicamenteux en rupture, ce qui équivaut à une hausse de 30 % en seulement un an. En 2008, elle en dénombrait 44 ; en 2011, 132 ; en 2015, 391 ; et enfin 405 en 2016. Une hausse toujours plus importante qui menace le quotidien de milliers de malades en France.

530 médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ont été en rupture de stock en 2017, selon l’ANSM.

Le problème, c’est que ces pénuries touchent des médicaments dont les malades ont absolument besoin : 20 % des signalements concernent des « anti-infectieux généraux », autrement dit des vaccins ou des produits prescrits contre l’épilepsie, la maladie de Parkinson… Le manque de ce type de médicaments peut entraîner une aggravation de l’état de santé du malade, voire son décès.

 

Des causes multiples de pénuries

Selon l’ANSM, ces pénuries à répétition s’expliquent par trois causes principales : la première, c’est la production en flux tendus, largement utilisée pour réduire les coûts ; la deuxième, ce sont les pannes d’équipements, qui surviennent plus souvent qu’on ne le croit ; enfin, la perte pure et simple du savoir-faire implique une capacité de production insuffisante.

En 2015 déjà, l’institution alertait quant aux « nouvelles stratégies industrielles de rationalisation des coûts de production qui conduisent les laboratoires à produire en flux tendu ». Elle affirmait même que cette politique « mettait en jeu le pronostic vital des patients ».

 

Des patients au bord du gouffre

Martine, 67 ans, a été interrogée dans les colonnes du Parisien. Elle fait partie de ces patients privés de médicaments à cause des ruptures de stocks récurrentes. Touchée par un cancer de la vessie, elle a vécu une véritable « descente aux enfers » lorsqu’elle a appris, 6 semaines après l’annonce de sa maladie, qu’elle ne pouvait plus bénéficier de son traitement à cause d’un stock vide.

Pour guérir, Martine devait suivre une chimiothérapie incluant huit instillations d’Ametycine, un antibiotique anticancéreux. « C’est la dernière instillation, je n’ai plus de quoi pratiquer les cinq autres », lui a déclaré son urologue. « Là, vous chialez. Parce que vous avez déjà encaissé le fait d’avoir une tumeur, puis un cancer de stade II au risque de récidive élevé », déplore Martine. La retraitée est de plus hantée par la mort de son père, due à un cancer de la vessie métastasé.

« C’est la dernière instillation, je n’ai plus de quoi pratiquer les cinq autres. »

Par chance et persévérance, le sort de Martine s’améliore : elle parcourt les hôpitaux de France à la recherche de doses médicamenteuses. Au bout du 4e établissement, elle les trouve mais se demande désormais : « Qu’en est-il des autres patients ? ».

L’Ametycine, n’est plus commercialisé depuis le 20 mars 2017. Son substitut, le Mitomycin-C, est en rupture de stock. Auparavant, c’était le laboratoire Sanofi qui s’occupait de la production du médicament. Désormais, c’est le Japonais Kyowa Hakko Kirin qui exporte « plusieurs milliers d’unités destinées au marché anglais ». « Nous sommes les otages des laboratoires, et c’est inadmissible ! » s’écrie Martine. Un constat inquiétant qui prive de nombreux patients de leurs médicaments, pourtant vitaux…

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