
Récemment, dans le cadre d’une nouvelle étude, un comportement social rare a été filmé pour la première fois lors d’une expédition de plongée avec tuba dans le fjord de Kvænangen, dans le nord de la Norvège, à environ 109 kilomètres au nord-est de Tromsø : deux orques en train de s’embrasser. Explications.
Le couple d’orques a été vu en train de se mordiller la langue, un comportement jusque-là observé uniquement en captivité. L’interaction, repérée en octobre 2024 dans un fjord du nord de la Norvège, a duré deux minutes. Selon les chercheurs à l’origine de cette nouvelle étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Oceans, ce baiser marin pourrait jouer un rôle important dans les liens sociaux chez ces cétacés ultra-sociables.

Ce comportement avait déjà été documenté en 1978 dans des parcs animaliers, mais son observation en pleine nature relance le débat sur son origine : jeu ? Rituel d’affiliation ? Nettoyage ? Pour l’instant, les scientifiques penchent pour une fonction sociale ou affective, à l’image de ce qu’on observe chez les bélugas ou les primates.
« Le mordillement de langue est extrêmement rare », a précisé Javier Almunia, co-auteur de l’étude, chercheur sur les mammifères marins et directeur de la Fondation Loro Parque. « Les soigneurs d’orques de plusieurs établissements sont conscients de ce comportement, mais sa prévalence est extrêmement faible. Il peut apparaître et ne plus être observé avant plusieurs années. Ce comportement semble servir à des fins d’affiliation et peut jouer un rôle dans le renforcement des liens sociaux ou la résolution des conflits, à l’instar des comportements de toilettage ou de réconciliation chez d’autres espèces très sociales. »
Luke Rendall, chercheur sur les mammifères marins à l’université de St Andrews, en Écosse, concluant de son côté : « Nous ne pouvons que spéculer sur cette fonction, et personne ne peut l’affirmer avec certitude sans données la reliant aux structures sociales connues dans la nature (en captivité, la structure sociale est totalement artificielle et donc largement inadaptée à la compréhension de la fonction sociale en termes d’évolution). Il pourrait s’agir d’affiliation, d’une forme de mendicité visant à stimuler les transferts de nourriture, voire d’une forme de toilettage, ayant en quelque sorte une fonction de nettoyage. »
Par ailleurs, un groupe d’orques adopte un bébé globicéphale et les scientifiques ne savent pas pourquoi.