Dans l’optique de percer les secrets du rougissement et de l’embarras, des chercheurs ont mené une expérience impliquant le visionnage de séances de karaoké filmées et le suivi de l’activité du cerveau des sujets.
Torture volontaire
Publiés dans la revue Proceedings of the Royal Society B, ces travaux « diaboliques » ont impliqué une soixantaine de volontaires âgés de 16 à 20 ans, qui n’avaient au départ aucune idée de ce qui les attendait.
À leur arrivée sur le lieu de l’expérience, ces derniers ont appris qu’ils allaient devoir choisir et interpréter une chanson populaire exigeante, incluant Hello d’Adèle et Libérée, délivrée du film d’animation La Reine des neiges, et que leur performance serait filmée.
Une semaine plus tard, les participants sont retournés au laboratoire. Équipés de capteurs thermiques révélant en temps réel les variations de température au niveau de leurs joues, ceux-ci ont été placés dans un scanner IRM enregistrant leur activité cérébrale pendant qu’ils visionnaient leurs propres performances et celles de leurs pairs.
Alors qu’il avait été historiquement supposé que le rougissement, que le naturaliste britannique Charles Darwin considérait comme « la plus humaine de toutes les expressions », était davantage lié à une réflexion sur sa propre apparence et la perception d’autrui, la nouvelle étude suggère que le simple fait de se retrouver au centre de l’attention suffirait à le déclencher.
Excitation émotionnelle
Si, de façon prévisible, les participants rougissaient davantage lorsqu’ils visionnaient leurs propres performances, un tel phénomène coïncidait avec une activité accrue du cervelet, région cérébrale liée à l’excitation émotionnelle. Ce qui suggère qu’il peut se produire indépendamment des « processus sociocognitifs d’ordre supérieur ».
En d’autres termes : rien n’indiquait que les volontaires réfléchissaient à la manière dont les autres participants étaient susceptibles de les juger.
« Il semble résulter du simple fait d’être exposé », estime Milica Nikolic, auteure principale de la nouvelle étude. « Pendant ce bref instant, on ne se demande pas nécessairement de quoi on a l’air. Je pense qu’il s’agit d’une réaction beaucoup plus spontanée. »