masturbation
— Andrii Zastrozhnov / Shutterstock.com

Une vaste analyse a permis de faire remonter les origines de la masturbation à des dizaines de millions d’années avant l’apparition de notre espèce, et également de préciser son utilité d’un point de vue évolutif.

Une pratique (très) ancienne

Activité énergivore, distrayante voire risquée, la masturbation s’apparente à première vue à une énigme évolutive. Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Proceedings of the Royal Society B, Matilda Brindle, de l’University College de Londres, et ses collègues ont exploré ses origines et ses avantages en passant en revue la littérature scientifique disponible. Les informations récoltées ont été reliées aux arbres évolutifs des primates, révélant la chronologie de cette pratique ancienne.

« Il s’avère que ce comportement existait déjà chez l’ancêtre commun de tous les singes, il y a environ 40 millions d’années », expliquent les chercheurs. « Certaines espèces de primates ne se sont pas réveillées un jour et ont commencé à se masturber. Il s’agit d’un trait évolutif très ancien. »

Ces nouveaux travaux renforcent l’idée que la masturbation masculine augmente les chances de fécondation. Un mâle de rang inférieur peut par exemple se masturber juste assez pour augmenter son excitation avant l’acte sexuel, lui permettant d’éjaculer plus rapidement, avant d’être interrompu par un potentiel congénère de rang supérieur. Cet acte pourrait également aider les mâles à se débarrasser de leurs vieux spermatozoïdes, ce qui leur permettrait de disposer de sperme frais et de haute qualité pour l’accouplement.

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Une étude publiée l’an passé a documenté des centaines de cas de « masturbation assistée par des outils » chez des macaques balinais — fiz_zero / Shutterstock.com

L’équipe a également constaté que la fréquence de cette pratique chez les primates augmentait parallèlement aux niveaux d’infections sexuellement transmissibles. Ce qui suggère que la masturbation après un rapport sexuel contribuerait à « nettoyer » les voies génitales, réduisant ainsi le risque qu’une infection s’y développe.

Des bénéfices plus obscurs chez les femelles

Selon Brindle, des données supplémentaires s’avéreront nécessaires pour déterminer les facteurs évolutifs de la masturbation chez les femelles. Il est toutefois probable que sa pratique avant les rapports sexuels leur permette d’influer sur le choix du mâle qui les fécondera : en rendant la cavité vaginale moins acide, cette pratique la rendrait plus hospitalière pour les spermatozoïdes du partenaire choisi.

« Il s’agit d’une pratique tellement courante au sein du règne animal que je trouve absolument déconcertant qu’elle n’ait pas fait l’objet de davantage de recherches », estime Brindle. « Pour les personnes qui pensent que la masturbation est mauvaise ou contre nature, il s’agit d’un acte parfaitement naturel, faisant partie de notre répertoire de comportements sexuels sains. »

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