Une récente étude montre à quel point l’usage d’un ordinateur pour prendre des notes est inutile. Pire, l’utilisation d’internet nuit gravement à la concentration, et donc aux résultats des étudiants.

Des ordinateurs omniprésents

En l’espace d’une vingtaine d’années, l’ordinateur portable a envahi nos vies. Au travail ou chez soi, cet outil est omniprésent. Et cela est également vrai dans le monde universitaire. Qui rentre dans un amphithéâtre en 2017 se trouvera confronté à un mur d’écrans lumineux sur lesquels les yeux des élèves sont scotchés. À priori, les bénéfices de l’outil informatique sont évidents : partage de notes, vérification d’informations, prise de note pus rapide…Dans les faits, ce qui aurait dû être un progrès se révèle un véritable fléau pour la réussite scolaire.

Une étude de 2014 avait déjà prouvé que la prise de note manuelle était plus efficace pour la mémoire, notamment en raison de la mémoire manuelle plus importante qu’elle permet. Mais le papier de l’équipe de la Michigan State University va plus loin en démontrant à quel point les ordinateurs nuisent à la concentration des étudiants.

Un amphithéâtre de University Missouri School of Journalism. La plupart des étudiants utilisent un ordinateur portable pour prendre des notes (ils sont plus de 80 % à en posséder un en France)

Une perte de temps et de concentration considérable

Les chercheurs se sont demandés ce que faisaient les étudiants sur leurs ordinateurs pendant les cours. Pour cela, ils ont demandé à 84 étudiants volontaires de se connecter à un serveur durant leurs cours pour étudier leur activité sur une période significative. Une observation riche en enseignement. Pour les chercheurs, pas pour les étudiants. Ils ont en effet découvert que ceux-ci, pour chaque période de 100 minutes de cours, en passaient 40 à surfer sur des contenus n’ayant aucun rapport avec le cours suivi. En comparaison, ils passaient environ 5 minutes à visiter des pages en rapport leur objet d’étude.

Le panel observé passe donc près de la moitié de son temps à se distraire sur internet plutôt que d’apprendre ! Au programme : réseaux sociaux, lectures des journaux, forum de discussions et visionnage de vidéos. En recoupant ces données avec les résultats aux examens d’entrée et de sortie, et le degré déclaré de motivation et temps passé sur internet par les étudiants, les scientifiques ont pu conclure ce qu’ils pressentaient intuitivement : amener un ordinateur en cours nuit à la scolarité.

La prise de note « à l’ancienne » est en réalité bien plus efficace que l’usage des technologies modernes dans l’apprentissage scolaire

 

Comment la technologie nous aliène

Pourquoi donc les étudiants passent-ils autant de temps sur le net tout en sachant que cela nuit à leur apprentissage? La première explication est celle de l’ennui : au lieu de regarder par la fenêtre ou de rester les yeux fixer sur l’horloge, le jeune d’aujourd’hui dispose d’un formidable outil de divertissement. Mais il y a plus. Les réseaux sociaux, comme la plupart de nos applications, sont pensés pour être addictifs, ce qui fait qui nous passons beaucoup plus de temps sur internet que ce que nous pensons. À moyen terme cela nuit gravement à nos capacités de raisonnement et de concentration.

C’est ce que l’on appelle l’économie de l’attention. L’offre de services numériques est abondante, alors que les ressources en attention sont rares. Le but du jeu pour les concepteurs est donc de nous faire passer le plus de temps possible sur leurs pages et applications. Des médecins ont ainsi tiré la sonnette d’alarme en constatant des troubles psychologiques chez les jeunes enfants exposés aux écrans. Les promoteurs de ce système économique en sont par ailleurs parfaitement conscients: les concepteurs, cadres et acteurs financiers de la Silicon Valley mettent ainsi un soin tout particulier à éloigner leurs propres enfants des outils technologiques grâce auxquels ils amassent des fortunes…

L’exposition prolongée aux écrans nuit au développement des enfants. Le CSA recommande de ne pas exposer les enfants à ces technologies avant l’âge de trois ans.
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