Aux États-Unis, les Sioux s’insurgent contre la construction d’un oléoduc chargé de transporter le pétrole. Et pour cause, le pipeline, qui reliera les champs pétroliers du Dakota du Nord à l’Illinois, passe à proximité de leur réserve, menaçant ainsi leur accès à l’eau potable et leurs lieux de cultes.
La tribu amérindienne est fermement opposée à la construction de cet oléoduc. Et si Energy Transfer Partners, l’entreprise en charge du projet, chiffre les retombées économiques locales en millions de dollars, les Sioux y voient une intrusion dans les terres de leurs ancêtres.
Ces terres sont les leurs depuis plusieurs siècles. Leurs ancêtres y chassaient le bison, puisaient de l’eau, sont nés sur ces terres et y ont toujours vécu. Mais au XIXème siècle, les premiers colons blancs ont commencé à massacrer les terres et les populations. Trois tribus amérindiennes (Sioux, Arapahos et Cheyennes) ont donc décidé de défendre leur peuple et d’entrer en guerre contre le gouvernement américain.
Par le passé, les Amérindiens se sont battus pour préserver leurs terres ancestrales. Et aujourd’hui, les Sioux comptent bien défendre à nouveau leur réserve.
C’est ainsi qu’est né au mois d’avril le mouvement « Occupying the prairie » (occuper la prairie). Population sioux et défenseurs de l’environnement se mobilisent ensemble contre la construction de l’oléoduc. Mais depuis le mois d’août 2016, le mouvement s’est intensifié. Les confrontations entre opposants, forces de l’ordre et membres de la compagnie se multiplient. Les responsables locaux ont de plus en plus de difficultés à gérer les centaines de manifestants qui protestent sur le chantier. Déjà plus de 20 personnes ont été arrêtées pour trouble public et violation de propriété privée sur le site de construction.
Samedi 3 septembre, de violents affrontements ont éclaté après que les manifestants en colères aient franchis les barrières du chantier. Les opposants au projet de pipeline se sont vus repoussés par des agents de sécurité armés de gaz lacrymogène et de chiens de garde. Certains d’entre eux présentaient des traces de morsures. Les manifestants dénoncent la destruction de plusieurs sites sacrés d’inhumation et de prière.
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Occupying the Prairie: Tensions Rise as Tribes Move to Block a Pipeline
| Earth First! Newswire
— Tatanka ⊕ (@Chief_Tatanka) 24 août 2016
Selon le Sheriff de Morton County Kyle Kichmeier, des témoins auraient aperçu des armes à feux sur le lieu de manifestation. Information fermement démentie par les leaders sioux, qui défendent une manifestation pacifique où armes, alcool et drogues sont prohibées.
La tribu Sioux s’inquiète pour ses terres et son écosystème. D’après les natifs américains, le pipeline passant sous la rivière Missouri est une menace pour leur réserve d’eau. La tribu a donc traîné la compagnie pétrolière devant les tribunaux. Mais leur recours a été rejeté. Selon le juge, rien ne prouve que l’oléoduc endommagerait les cultures sioux à proximité.
Les manifestants ont donc choisi de répondre de manière pacifique : en occupant la prairie. Les protestants dorment sur place, dans des tentes, des tipis, cuisinent dans leurs camps de fortunes. La vie s’est organisée autour de la protestation. Mais la protestation pacifique suffira-t-elle ? Alors que la compagnie pétrolière avait temporairement arrêté ses travaux sur le site Sioux, ils ont repris de plus belle.
Le 9 septembre 2016, un juge fédéral se prononcera sur une éventuelle suspension temporaire des travaux. Mais ces suspensions temporaires ne font que reculer l’inévitable. Sans décision ferme de la justice, la réserve Sioux sera sous peu défigurée par cet énorme tuyau pétrolier. Si la vie des tribus indiennes vous intéresse, découvrez 15 chefs emblématiques qui se sont battus pour défendre les droits de leur tribu.
Par Victoria Ouicher, le
Source: The New York Times
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