Nicolas Hulot prend position sur le bien-être animal. Invité sur France Inter mercredi 2 août, le ministre de l’écologie a notamment annoncé la création d’un « groupe de réflexion sur le bien-être animal ».

Un débat de fond…

« C’est un sujet de société, il ne faut pas avoir peur de l’aborder ». Nicolas Hulot met les pieds dans le plat. Au lendemain de l’interdiction de la reproduction des cétacés en captivité, véritable bras de fer politique et juridique entre les parcs marins et les défenseurs de la cause animale, le ministre de l’Écologie du gouvernement Philippe ne pouvait échapper aux questions sur le sujet. Il faut dire que les opinions publiques se sont récemment saisies de la question avec une vigueur particulière, entre militants de L214 en croisade contre les abattoirs, engouement pour le véganisme, et prises de position de personnalités publiques.

Son idée : mettre en place un comité de réflexion placé sous l’autorité conjointe d’un philosophe et d’un parlementaire. A titre personnel, l’opinion du ministre est claire : il n’est « pas favorable à la captivité des animaux », surtout à des fins de « spectacle ». Et ajoute qu’il attend « un certain nombre de conclusions » de ce comité. De quoi espérer de nouvelles victoires pour les défenseurs de la cause animale ?

La question du bien-être animal s’est progressivement imposée dans le débat publique. Ici une manifestation à Melbourne en 2009

Le respect du monde agricole

Les mauvais esprits verront peut-être la création d’un énième comité une façon de ne pas prendre ses responsabilités de la part d’un des militants écologiques les plus populaires du pays. Mais le ministre peut légitimement craindre la réaction du monde agricole. Il dit d’ailleurs ne pas vouloir agir « de manière frontale, notamment avec le milieu de l’agriculture. C’est pas du tout eux qui sont visés ». Entre préoccupation pour les animaux, la nature et la santé économique du secteur, il est parfois difficile de louvoyer.

Cette tension se reflète d’ailleurs au sein même du gouvernement. On se rappelle le bras de fer entre Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et Nicolas Hulot à propos des néonicotinoïdes, ces pesticides « tueurs d’abeilles ». L’arbitrage s’était par chance fait au détriment du premier, qui souhaitait assouplir la législation. Fort de cette victoire, le nouveau venu en politique semble donc également prêt au compromis.

La présence croissante du loup depuis son retour naturel en France, il y a 20 ans, crée des frictions avec les éleveurs dont les brebis sont parfois décimées.

L’exemple du loup

Ainsi, sur le cas emblématique du loup, le ministre avait été contraint de céder. Signé par les deux ministres, le texte avait fait réagir : il autorisait en effet l’abattage de 2 loups supplémentaires, portant leur nombre à 40 ! Espèce protégée en France, canis lupus représente le cas d’école de la lutte entre les deux mondes. Défenseurs sincères du loup contre éleveurs désespérés. Paradoxe : la Fondation Nicolas Hulot s’était elle-même opposée au texte signé par son fondateur…

Interpellé par un auditeur sur France Inter, Nicolas Hulot assume ce texte mais assure qu’il n’en était « pas satisfait » pour autant. Expliquant que l’arrêté du 20 juillet « ne règle rien », il a rappelé le lancement d’une concertation à l’automne, pour anticiper à l’élaboration d’un nouveau plan pluriannuel de gestion du loup (2018-2022). « J’ai une oreille pour les loups, une oreille pour les brebis et une oreille pour les éleveurs », se défend-t-il.


Quelle politique écologique pour Nicolas Hulot ?

Ménager la chèvre et le chou, défendre ses idées tout en faisant des concessions, gagner du temps, concerter largement… La vie n’est pas simple pour le nouveau ministre de la Transition énergétique. A l’antenne, celui ci ne cherche pas à cacher ses opinions, ni à rappeler quelques réalités : l’impossibilité d’une croissance infinie dans un monde qui l’est, la nécessité de changer de modes de production, tant agricoles qu’énergétiques…

Sur ce front, Nicolas Hulot entend mener une action « réaliste, mais irréversible », quitte à prendre un peu plus de temps. Dans un gouvernement qui n’a pas fait de l’écologie sa priorité, personne ne peut lui reprocher la prudence. On se souvient du limogeage de l’éphémère ministre de l’Écologie Nicole Bricq, qui en juin 2012 avait cherché à suspendre les forages pétroliers au large la Guyane. Au sein d’un gouvernement très lié aux intérêts des grandes entreprises, ministre de l’Écologie est souvent un métier à risques…

Nicolas Hulot, ministre de l’écologie (à gauche) et Stéphane Travert, ministre de l’agriculture (à droite). Les deux hommes ont déjà enchaîné quelques passes d’armes
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