Dans un rapport récent, l’EFSA, l’agence en charge de la sécurité alimentaire de l’Union européenne, a confirmé que trois pesticides néonicotinoïdes étaient effectivement nuisibles pour les abeilles. Certains néonicotinoïdes avaient déjà été interdits par l’UE, ces nouvelles études pourraient ainsi entraîner de nouvelles mesures.
DES PESTICIDES TRÈS DANGEREUX POUR LES ABEILLES
Les néonicotinoïdes sont des pesticides utilisés principalement en agriculture, qui agissent sur le système nerveux des insectes. Ils sont utilisés principalement par les entreprises mais également par les particuliers pour la protection des plantes contre les nuisibles.
Ils sont très toxiques et provoquent la mort des insectes par paralysie du système nerveux. À la différence des autres insecticides, qui restent à la surface de la plante, les néonicotinoïdes sont absorbés partout, infiltrant ainsi les tiges, les feuilles, le pollen, les fleurs et le nectar. Le pollen des plantes, qui n’est pourtant pas la cible de ces insecticides, sont la principale voie de contamination des insectes. Le produit toxique peut également infiltrer les sols et ainsi contaminer sur plusieurs générations les cultures, et donc les abeilles.
1 500 ÉTUDES POUR UN MÊME RÉSULTAT
Après une première évaluation de l’EFSA concernant les risques de ces pesticides en 2013, l’UE avait déjà appliqué des restrictions sur trois de ces produits chimiques – la clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxamesur – pour les cultures attirant les abeilles comme le colza, le maïs ou le tournesol.
La dernière étude de l’agence va plus loin en recensant toutes les études, soit plus de 1 500 au total, comprenant la littérature scientifique, des données d’université, d’industries chimiques, d’autorités nationales, d’ONG et d’associations. Elle inclut également des observations sur de nouvelles espèces en plus des abeilles à miel ; les abeilles sauvages dont font partie les bourdons et les abeilles solitaires.
Pour Jose Tarazona, à la tête du département Pesticides de l’EFSA, les conclusions sont désormais claires : « il y a une variabilité dans les résultats, due à des facteurs comme l’espèce d’abeilles, l’emploi prévu du pesticide et la façon d’être exposé. Certains risques faibles ont été identifiés, mais globalement le risque pour les trois types d’abeilles que nous avons étudiés est confirmé ».
Cette dernière évaluation de l’EFSA renforce les données scientifiques qui prouvent que ces pesticides nuisent gravement aux abeilles. L’année dernière, ces preuves ont d’ailleurs amené la commission européenne à proposer l’interdiction de leur utilisation en plein air, les limitant aux cultures en serre, même si aucun vote n’a eu lieu jusqu’à présent.
DES CONCLUSIONS CONTESTÉES PAR LES FABRICANTS
Suite à ces propositions concernant la restriction de l’utilisation des néonicotinoïdes à un usage strictement extérieur, deux fabricants de pesticides utilisant eux-mêmes le produit, le Suisse Sygenta et l’Allemand Bayer, ont saisi le tribunal de justice de l’UE. En effet, selon un communiqué de Bayer, « les résultats de l’EFSA la placent en dehors du courant scientifique dominant actuel sur la santé des abeilles, comme représenté par de récentes évaluations similaires par les agences scientifiques environnementales aux Etats-Unis et au Canada ». Pour l’instant, la procédure est toujours en cours.
Les États membres de l’UE devaient voter la proposition d’interdire les utilisations en extérieur le 13 décembre, mais le vote a notamment été reporté car beaucoup voulaient attendre que l’EFSA ait terminé son évaluation. Ils pourraient voter sur cette question dès le 22 mars.
La protection des abeilles est plus que jamais un enjeu capital pour la commission puisqu’elle touche la biodiversité, la production alimentaire et l’environnement.
Par Léa Philippe, le
Source: Scientific American
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