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Homo sapiens a-t-il contribué à l’extinction des Néandertaliens ? 

De nouvelles recherches pourraient apporter une réponse à cette question de longue date

Neandertaliens Mort

Depuis plusieurs décennies, les chercheurs se penchent sur la question complexe de l’extinction des Néandertaliens et du rôle que les humains modernes auraient pu jouer dans ce phénomène. Les dernières études apportent un éclairage nouveau sur cette disparition qui remonte à environ 37 000 ans. En effet, les Néandertaliens, qui formaient de petits groupes dans le sud de l’Espagne, auraient été affectés par des facteurs multiples, incluant une concurrence accrue, des défis environnementaux et des interactions avec Homo sapiens. Mais avons-nous directement ou indirectement causé la fin de cette espèce ?

Les derniers Néandertaliens et leurs défis

Il y a environ 37 000 ans, les Néandertaliens étaient regroupés en petites communautés dans le sud de l’Espagne. Ces groupes avaient survécu dans des environnements difficiles pendant près d’un demi-million d’années, jusqu’à ce qu’une série d’événements tragiques scelle leur sort. L’éruption des champs Phlégréens en Italie, quelques milliers d’années plus tôt, aurait profondément perturbé les écosystèmes méditerranéens, affectant les ressources alimentaires disponibles pour les Néandertaliens.

Malgré ces défis environnementaux, ces derniers continuaient leurs activités : fabrication d’outils en pierre, gravure de symboles sur les rochers et création de bijoux à partir de plumes et de coquillages. Ils ne réalisaient probablement pas qu’ils étaient les derniers de leur espèce. Cependant, leur extinction s’était amorcée bien avant, quand ils se sont retrouvés isolés et disséminés à travers l’Eurasie. Environ 34 000 ans avant aujourd’hui, nos cousins les plus proches avaient effectivement disparu, laissant les chercheurs se demander si Homo sapiens avait joué un rôle dans leur disparition, par des moyens violents, compétitifs ou encore à travers la transmission de maladies.

Homo sapiens et Néandertaliens

L’histoire des Néandertaliens est étroitement liée à la nôtre. Des données archéologiques et génétiques montrent que ces deux espèces se sont chevauchées pendant au moins 2 600 ans, peut-être même jusqu’à 7 000 ans. Cette période a donné lieu à de nombreuses interactions, mais la question de la nature exacte de ces relations reste ouverte. Étions-nous directement responsables de leur disparition ? Ou s’agissait-il d’une extinction naturelle, facilitée par une combinaison de facteurs environnementaux et de la fragilité génétique des Néandertaliens ?

Les recherches montrent qu’au moment de la rencontre avec Homo sapiens, les Néandertaliens étaient déjà dans une situation difficile. Des analyses génétiques ont révélé que leur diversité génétique était très faible, signe d’une population en déclin. Leurs groupes étaient si petits qu’ils comptaient probablement moins de 20 adultes, augmentant ainsi la probabilité de consanguinité et de transmission de mutations délétères. Cette faible diversité génétique a sans doute affaibli leur capacité à survivre aux pressions environnementales et aux maladies, rendant leur extinction inévitable.

Si les Néandertaliens avaient développé des compétences impressionnantes, comme la fabrication d’outils sophistiqués et la production d’art, ils semblaient manquer d’une innovation clé : les armes à longue portée. Homo sapiens, en revanche, disposait d’armes plus avancées et avait des capacités cognitives et linguistiques plus développées, ce qui lui permettait de s’organiser de manière plus efficace pour la chasse et la survie. Ces différences, combinées à des populations humaines modernes plus importantes et plus interconnectées, ont probablement donné à Homo sapiens un avantage dans la compétition pour les ressources.

La violence et les maladies

Il existe des preuves que des conflits violents ont pu avoir lieu entre les Néandertaliens et Homo sapiens, comme en témoignent certaines blessures observées sur des squelettes néandertaliens. Cependant, il reste difficile de savoir si ces blessures résultaient de conflits internes ou de confrontations avec Homo sapiens. Jusqu’à ce qu’une preuve irréfutable soit découverte, la question de savoir si la violence humaine a contribué à leur extinction demeure ouverte.

Par ailleurs, la théorie selon laquelle les maladies propagées par Homo sapiens auraient décimé les Néandertaliens n’est pas totalement exclue. Bien que nous partagions des gènes liés au système immunitaire avec eux, rien ne prouve actuellement que des épidémies mortelles aient été transmises de l’un à l’autre. Toutefois, des recherches futures pourraient éclairer cette hypothèse et confirmer ou infirmer le rôle des maladies dans leur disparition.

L’assimilation ou l’extinction ?

Une autre hypothèse, avancée par le paléoanthropologue Fred Smith il y a plus de 30 ans, est celle de l’assimilation. Selon cette théorie, plutôt que d’avoir été exterminés par Homo sapiens, les Néandertaliens auraient été progressivement absorbés par eux, au fur et à mesure que les populations humaines s’étendaient à travers l’Eurasie. Cette idée est soutenue par des preuves génétiques montrant que certains humains modernes possèdent une petite portion d’ADN néandertalien.

Cette assimilation aurait pu se produire lentement, sans violence ni destruction directe. Cependant, pour valider cette hypothèse, des preuves archéologiques supplémentaires de cohabitation prolongée entre les deux espèces sont nécessaires. Jusqu’à présent, bien que des échanges d’ADN soient avérés, les archéologues n’ont pas encore découvert de site prouvant une véritable coexistence sur une longue période.

L’extinction des Néandertaliens ne peut être attribuée à une cause unique. Les chercheurs s’accordent à dire que c’est une conjonction de facteurs, incluant la consanguinité, la concurrence pour les ressources et les interactions avec Homo sapiens, qui ont précipité leur disparition. Comme l’a résumé Sang-Hee Lee, anthropologue à l’université de Californie à Riverside, « les Néandertaliens n’ont pas eu un destin commun et cohérent ». Par ailleurs, les Néandertaliens ont été les premiers humains à modifier artificiellement leur environnement.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Live Science

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