― Dima Zel / Shutterstock.com

L’espace serait-il une conquête inégale entre les hommes et les femmes ? Le secteur de l’aérospatiale est encore très inégal, avec seulement 10 % de femmes qui embrassent la profession d’astronaute. Alors pourquoi les quelques femmes qui ont réussi à devenir astronautes restent moins longtemps dans l’espace que leurs homologues masculins ?

Homme ou femme, le temps passé dans l’espace doit être limité

Sur Terre, la magnétosphère puis l’atmosphère empêchent les rayonnements d’ondes de haute intensité d’abîmer les corps humains. Un degré d’exposition trop élevé à ces rayonnements serait en effet nocif pour la santé et pourrait provoquer des maladies comme le cancer.

Ce n’est pas le cas à bord de la Station spatiale internationale (ISS) qui ne bénéficie que de la protection de la magnétosphère. Les astronautes sont ainsi exposés à des niveaux plus élevés de rayonnements ionisants, ce qui augmente leur risque de développer un cancer au cours de leur carrière.

Selon les limites actuelles, fixées par la NASA en 1989, la limite de dose efficace pour la carrière d’un astronaute est basée sur un excès de risque maximal de 3 % de mortalité par cancer au cours de la vie. Ce risque est évalué selon une échelle mobile basée sur l’âge et le sexe, allant d’une limite inférieure de 180 millisieverts (mSv) de rayonnement pour une femme de 30 ans à une limite supérieure de 700 mSv pour un homme de 60 ans.

Cependant, le seuil de radiation de la NASA était plus bas pour les femmes astronautes en raison du constat suivant : lorsque les femmes et les hommes étaient exposés à des niveaux élevés de rayonnements pendant des périodes similaires, les femmes avaient plus de deux fois plus de risque de développer un cancer du poumon que les hommes.

© Alexander Mokletsov / Wikimedia Commons, Valentina Terechkova, la première femme à voyager dans l’espace

Une restriction qui frustre les femmes astronautes

Ces limitations ont eu de réelles conséquences sur les carrières. En 2018, l’ancienne chef du corps des astronautes de la NASA, Peggy Whitson, a exprimé publiquement ses frustrations concernant les limites de rayonnement pour les femmes astronautes. Effectivement, l’astronaute a dû prendre sa retraite après avoir atteint la limite de sa carrière en matière d’exposition aux rayonnements à l’âge de 57 ans.

Des changements à venir pour les astronautes

Toutefois, les seuils de radiation de la NASA devraient changer dans un avenir proche. En 2021, la NASA a demandé à un groupe d’experts réunis par les Académies nationales des sciences, de l’ingénierie et de la médecine d’évaluer le projet de l’agence spatiale de modifier la limite d’exposition aux rayonnements pour la porter à 600 mSv pour tous les astronautes de tous âges, quel que soit leur sexe.

La NASA a déterminé cette limite en appliquant le modèle de risque de cancer de l’agence aux personnes les plus vulnérables : les femmes en début de carrière. La NASA a calculé le risque moyen de décès lié à l’exposition pour ce groupe et a converti ce risque, qui autorise une marge d’erreur beaucoup plus importante qu’auparavant, en une dose. Cette dose de 600 mSv correspond à l’exposition que recevrait un astronaute pendant quatre expéditions de six mois à bord de l’ISS. À titre de comparaison, la dose annuelle moyenne de rayonnement reçue par une personne sur Terre est d’environ 3,6 mSv, selon la NASA, contre 300 mSv par an dans l’ISS.

La nouvelle limite « réduirait la dose pour certains groupes d’hommes, en particulier les hommes plus âgés », a déclaré Preston, qui était également vice-président du groupe d’experts des National Academies sur l’évaluation des risques de cancer pour les missions spatiales en équipage. « Cela signifierait que les femmes pourraient avoir une carrière prolongée. »

Le comité, qui a publié son rapport en juin 2021, était composé de trois groupes, qui ont respectivement analysé le processus d’évaluation des risques, les questions éthiques et la communication des nouvelles recommandations.

Le plan proposé par la NASA comprend une dérogation à la limite d’exposition professionnelle pour les missions plus longues, comme un éventuel voyage vers Mars, qui exposerait les astronautes à une dose estimée à 900 mSv. Cette dose est toutefois probablement inférieure aux limites d’exposition professionnelle de 1 000 mSv que les agences spatiales européenne, canadienne et russe imposent actuellement à leurs astronautes.

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