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Tuer les cellules cancéreuses sans endommager les cellules saines constitue un défi de taille. Récemment, des scientifiques allemands ont développé des nanoparticules à haut degré de sélectivité, ne libérant les substances médicamenteuses qu’elles contiennent qu’à l’intérieur des tumeurs.

Un haut degré de sélectivité

Actuellement, la radiothérapie et la chimiothérapie représentent les principaux traitements du cancer, mais ces approches se révèlent très éprouvantes pour le patient et peuvent également endommager les cellules saines. Depuis de longues années, les chercheurs tentent de rendre les substances et les thérapies utilisées plus sélectives, en se concentrant sur les caractéristiques qui différencient les cellules cancéreuses des cellules saines.

Pour cette nouvelle étude, présentée dans la revue Chem, les chercheurs de l’université Ludwig-Maximilian de Munich ont mis au point de nouvelles nanoparticules ne libérant les substances médicamenteuses qu’elles contiennent qu’à l’intérieur des cellules cancéreuses.

Amorphes, poreuses et encapsulées dans une couche lipidique, ces particules sont facilement absorbées par les cellules sans déclencher de réponse immunitaire. Une fois à l’intérieur, la couche lipidique se décompose, libérant la charge médicamenteuse, constituée de calcium et d’acide citrique, connus pour tuer les cellules lorsqu’ils sont administrés directement à l’intérieur de celles-ci.

La principale avancée concerne ici le haut degré de sélectivité de ces nanoparticules, dont la couche lipidique ne se décompose qu’à l’intérieur des tumeurs. Lors de tests menés sur des cellules cultivées en laboratoires et des souris, l’équipe a découvert qu’un mécanisme spécifique au cancer rompait la membrane extérieure et provoquait la fuite des composés toxiques, tandis que ces derniers restaient solidement enfermés lorsque les particules étaient absorbées par des cellules saines et finissaient par passer dans la matrice extracellulaire pour être évacuées.

En novembre dernier, des chercheurs de Harvard avaient présenté des nanoparticules fixées aux globules rouges pour combattre les métastases pulmonaires — jovan vitanovski / Shutterstock.com

« Plus la tumeur était agressive, plus l’effet létal était prononcé »

« La toxicité hautement sélective des particules nous a permis de traiter avec succès deux types différents de tumeurs pleurales très agressives chez la souris », explique Hanna Engelke, co-auteure de l’étude. « Avec seulement deux doses, administrées localement, nous avons respectivement pu réduire la taille des tumeurs de 40 et 70 %. Il s’est par ailleurs avéré que plus la tumeur était agressive, plus l’effet létal était prononcé. »

Aucun signe d’effets secondaires graves n’ayant été noté à l’issue d’une période d’observation de deux mois, l’équipe affirme que cette nouvelle approche pourrait à terme s’avérer particulièrement utile pour traiter plusieurs types de cancer, en plus de ceux se développant dans la cavité pleurale.

Désignant le mince espace rempli de liquide entourant les poumons, cette zone représente l’un des principaux endroits où le cancer du poumon est susceptible de se propager et se révèle actuellement difficile à traiter via la chirurgie ou la chimiothérapie.

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