Alors qu’il était depuis longtemps supposé que les niveaux de radioactivité des sangliers des forêts d’Autriche et d’Allemagne constituaient une conséquence de l’accident de Tchernobyl, de nouvelles recherches révèlent une autre source de contamination.
Contamination durable
Survenue en 1986, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl a représenté le plus grand rejet radioactif incontrôlé dans l’environnement jamais enregistré pour une opération civile, avec des matières radioactives (principalement du césium-135 et du césium-137) rejetées dans l’air pendant 10 jours et se retrouvant dans l’écosystème et la chaîne alimentaire.
Si la faune de la zone d’exclusion a fini par se reconstituer, près de quatre décennies après l’incident, il s’avère que les sangliers allemands et autrichiens présentent encore des niveaux de radioactivité élevés, rendant leur viande impropre à la consommation.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Environmental Science & Technology, des scientifiques des universités d’Hanovre et de Vienne ont examiné des échantillons de viande collectée par des chasseurs. L’utilisation de la spectrométrie gamma et de masse a révélé que si une partie de la contamination provenait bel et bien de Tchernobyl, les essais nucléaires menés à l’échelle mondiale dans les années 1960 en constituaient également une source importante (entre 10 et 68 % selon les échantillons).
Selon les chercheurs, le radiocésium libéré lors de ces opérations, à l’impact environnemental encore sous-estimé, aurait durablement contaminé les sols et les sources de nourriture des sangliers (truffes notamment).
Un impact sous-estimé
Globalement, de tels résultats indiquent que le mélange de matières radioactives provenant de sources multiples s’avère plus persistant et dangereux que celui provenant d’une source unique.
« Une fois libéré, le radiocésium restera dans l’environnement pendant des décennies et aura un impact immédiat et durable sur la sécurité alimentaire », soulignent les auteurs de la nouvelle étude. « Tout rejet supplémentaire entraînera une nouvelle accumulation et un mélange avec des sources plus anciennes, d’où la nécessité de comprendre les mécanismes sous-jacents du cycle biogéochimique du radiocésium. »
Fin 2022, des chercheurs avaient annoncé avoir résolu le mystère des grenouilles noires de Tchernobyl, constituant un exemple frappant de résilience.