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Votre sang pourrait bientôt devenir un poison toxique pour les moustiques

Une idée surprenante qui pourrait bouleverser la lutte contre le paludisme

moustique
— khlungcenter / Shutterstock.com

Les scientifiques ont développé une approche novatrice pour réduire la population de moustiques et lutter contre le paludisme : rendre le sang humain toxique pour ces insectes. Cette stratégie repose sur l’administration d’un médicament appelé nitisinone qui, lorsqu’il est présent dans le sang, s’avère fatal pour les moustiques qui s’en nourrissent. Cette recherche a été publiée dans Science Translational Medicine.

Une molécule aux propriétés inattendues

Des chercheurs de l’École de médecine tropicale de Liverpool ont mené une étude démontrant l’efficacité de la nitisinone. La nitisinone est déjà utilisée pour traiter certaines maladies héréditaires en bloquant une protéine spécifique, ce qui réduit la production de sous-produits toxiques dans le corps humain

Or, il s’est avéré que cette substance est hautement toxique pour les moustiques lorsqu’ils en ingèrent même une faible quantité via le sang humain. Lors d’une expérience, des moustiques ayant ingéré le sang de trois patients prenant ce médicament pour traiter une maladie génétique rare ont tous succombé en moins de 12 heures. 

Selon Lee R. Haines, microbiologiste à l’École de médecine tropicale de Liverpool, rendre le sang des humains ou des animaux toxique pour les insectes pourrait devenir une méthode complémentaire efficace pour limiter les maladies transmises par les moustiques, comme le paludisme.

Vers une solution durable contre le paludisme ?

Bien que prometteuse, cette stratégie doit encore être affinée avant d’être mise en place à grande échelle. D’autres traitements antiparasitaires ont parfois entraîné des effets secondaires indésirables sur la biodiversité ou se sont révélés inefficaces à long terme. Heureusement, les premières observations indiquent que la nitisinone ne semble pas nuire aux insectes pollinisateurs.

Les chercheurs ont également analysé son impact à travers des modélisations mathématiques. Ils ont constaté que cette molécule affecte les moustiques de tout âge, y compris ceux plus vieux, qui sont les plus susceptibles de transmettre le paludisme. Cette capacité à cibler une large population d’insectes pourrait améliorer l’efficacité des programmes de lutte contre la maladie.

Le paludisme reste une grave cause de mortalité, avec plus d’un demi-million de décès par an. Les stratégies de lutte existantes sont souvent mises en échec par la résistance accrue des parasites aux traitements et par la croissance des populations de moustiques. L’utilisation de la nitisinone pourrait renforcer les efforts de prévention en offrant une alternative efficace et durable.

Un avantage par rapport aux traitements existants

La nitisinone a été comparée à l’ivermectine, un médicament antiparasitaire déjà utilisé pour tuer les moustiques via le sang humain ou animal. Bien que l’ivermectine soit efficace à des doses plus faibles, la nitisinone agit beaucoup plus rapidement, souvent en moins de 24 heures, et reste active dans le sang pendant une période plus longue. Cela augmente les chances que les moustiques soient exposés au médicament.

Selon le parasitologue Álvaro Acosta Serrano, la demi-vie prolongée de la nitisinone dans le sang humain en fait une option intéressante pour des applications sur le terrain, en offrant une meilleure sécurité et des coûts réduits. Contrairement à l’ivermectine, qui cible le système nerveux et peut être toxique pour d’autres espèces, la nitisinone semble avoir un profil de sécurité plus favorable.

Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour évaluer pleinement son impact écologique et éviter l’émergence de résistances, cette approche innovante apporte un nouvel espoir dans la lutte contre les maladies vectorielles. Comme le souligne Acosta Serrano, la nitisinone pourrait bien devenir un atout clé dans l’arsenal de la lutte contre le paludisme, grâce à son potentiel en tant qu’insecticide indirectement administré par le sang humain.

Par ailleurs, une étude explique enfin pourquoi certaines personnes sont de véritables aimants à moustiques.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Science Alert

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