De profonds bouleversement environnementaux intervenus il y a plusieurs millions d’années auraient profondément affecté la communication vocale des hominidés, selon de nouvelles recherches.
Paysages sonores
Il y a entre 16 et 5,3 millions d’années, le paysage africain s’est transformé, avec de vastes savanes remplaçant progressivement les jungles denses, ce qui a contraint nos ancêtres à quitter les arbres et à évoluer sur la terre ferme. Outre de profonds changements physiques et comportementaux, les chercheurs pensent que cet évènement a également contribué à l’émergence d’une caractéristique humaine majeure : la parole.
« Les paysages ouverts offrent moins d’obstacles physiques susceptibles de nuire à la transmission des sons, ce qui signifie que nos voix portent davantage et que la fiabilité de notre communication augmente », explique Charlotte Gannon, spécialiste de l’évolution du langage à l’université de Warwick.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Scientific Reports, Gannon et ses collègues ont utilisé 487 enregistrements d’appels vocaux d’orangs-outans, primates arboricoles faisant partie de nos plus proches parents vivants.
Des résultats surprenants
La mesure leur audibilité à différentes distances dans la savane sud-africaine a montré que leurs cris (considérés comme des proto-consonnes) portaient beaucoup plus loin que leurs grognements (proto-voyelles) : environ 80 % des premiers pouvaient être entendus à une distance de 400 mètres, contre 20 % des seconds.
« La loi de propagation des sons purs prédit que les sons graves, comme les grognements, devraient porter plus loin que les sons aigus, pourtant nos résultats indiquent précisément le contraire », souligne Gannon.
Globalement, de telles découvertes suggèrent que le recours croissant aux proto-consonnes aurait constitué un important avantage évolutif pour nos ancêtres, et également jeté les bases du langage humain.
Par Yann Contegat, le
Source: Newsweek
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