permafrost
Image d’illustration — Kirill Skorobogatko / Shutterstock.com

La fonte du permafrost a offert aux chercheurs une occasion unique d’étudier les sépultures d’un ancien cimetière mongol du XIIIe siècle, contribuant à éclairer la vie des élites de l’époque.

Des sépultures mongoles de haut rang

Proclamé grand souverain des Mongols en 1206, le redoutable Gengis Khan allait mener au cours des deux décennies suivantes une série de raids sanglants à travers l’Asie, jetant les bases du plus grand empire terrestre contigu de l’histoire, qui s’étendrait à son apogée de sa côté Pacifique à l’Europe de l’Est.

Il y a quelques années, suite au dégel du permafrost, les restes vieux de plus de 800 ans de 11 individus avaient été découverts sur un ancien site funéraire du nord de la Mongolie. La présence d’objets précieux à proximité des dépouilles et les textiles nobles dont elles étaient vêtues suggérant qu’il s’agissait de membres de l’aristocratie de l’époque, une équipe de scientifiques a cherché à en apprendre davantage sur leur mode de vie.

En examinant les protéines présentes dans les calculs dentaires anciens, ceux-ci ont identifié des preuves directes de la consommation de lait de cheval, de brebis, de chèvre, de vache et, surtout, de yack. Indissociables des régions de haute altitude de l’est de l’Eurasie, ces bovidés fournissent depuis des siècles une source de nourriture précieuse dans ces environnements hostiles, tandis que leurs poils épais sont utilisés pour confectionner des textiles chauds et leur graisse des produits utiles tels que des bougies.

Broche en or représentant un bouddah assis, découverte dans l’une des sépultures — © J. Bayarsaikhan

L’importance des yacks pour les élites de l’époque

La découverte la plus notable concernait une femme d’élite vêtue d’une robe en soie présentant un motif de dragon et enterrée avec un couvre-chef en écorce de bouleau. « Nos analyses protéomiques ont montré qu’elle avait consommé du lait de yack durant une grande partie de sa vie, soulignant l’importance de cet animal emblématique pour les élites de l’époque », détaille Alicia Ventresca-Miller, co-auteure de l’étude, publiée dans la revue Communications Biology.

La présence de graisse laitière à l’intérieur des récipients en céramique trouvés près des dépouilles suggère que ces objets funéraires étaient utilisés comme lanternes, ce qui contribue, selon l’équipe, à éclairer les rites religieux anciens pratiqués dans cette région du globe.

Si le dégel du pergélisol a permis de révéler ces précieux vestiges archéologiques, les chercheurs craignent qu’avec la hausse des températures, le phénomène s’intensifie et que ces témoignages historiques soient endommagés ou pillés avant d’avoir pu être enregistrés et étudiés. « Le niveau de pillage auquel nous assistons est sans précédent. Presque toutes les sépultures que nous pouvons localiser en surface ont été dégradées », conclut l’équipe.

— © Alicia Ventresca-Miller
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