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Une nouvelle quête de minéraux pourrait mettre en péril les grands fonds marins

Cette activité constitue un conflit écologique

océan

Le monde se retrouve à un tournant critique, partagé entre l’appât du gain et la préservation de notre environnement. À mesure que la demande de produits électroniques et de batteries explose, une nouvelle « ruée vers l’or » prend forme, mais elle est assombrie par la menace imminente d’une catastrophe écologique. Alors que des investisseurs cherchent à tirer profit des gisements minéraux marins, des scientifiques et des défenseurs de l’environnement s’inquiètent des conséquences désastreuses pour les écosystèmes marins fragiles.

L’essence de l’exploitation minière en eaux profondes

La société moderne dépend de plus en plus des batteries pour alimenter tout, des voitures électriques aux dispositifs électroniques. Cependant, cette quête de technologie propre présente un dilemme majeur : l’extraction des minéraux clés comme le lithium et le cobalt, nécessaires pour les batteries, est énergivore et complexe. 

Face à cela, l’exploitation minière en eaux profondes apparaît comme une solution séduisante, ciblant les dépôts de métaux précieux au fond des océans. Des champs de nodules polymétalliques, souvent appelés « deep-sea potatoes », peuvent être trouvés le long de certaines parties du plancher océanique à des profondeurs de 4 000 à 6 000 mètres. Ces nodules contiennent de nombreux métaux rares nécessaires aux batteries, notamment du cobalt, du cuivre, du manganèse et du nickel.

L’utilisation de machines robotisées géantes pour extraire les minéraux des fonds marins pourrait laisser un sillage de débris et de sédiments. Cette méthode, bien que potentiellement lucrative, a des conséquences graves. Selon le Centre pour la diversité biologique, les écosystèmes fragiles des profondeurs marines, des coraux aux tortues, pourraient subir des dégâts irréparables en raison de la perturbation des habitats et de la création de nuages toxiques de sédiments sous-marins.

L’appel de la science et de la finance pour la préservation

Face à ces défis, les scientifiques marins et les institutions financières prennent position. En 2021, plus de 775 scientifiques marins et experts politiques ont émis un appel pressant à suspendre temporairement l’exploitation minière en eaux profondes jusqu’à ce que des preuves scientifiques solides puissent garantir la sauvegarde des écosystèmes marins. 

Parallèlement, un groupe de 37 institutions financières a uni ses voix pour exhorter les gouvernements à ne pas autoriser cette industrie émergente tant que les risques ne seront pas pleinement compris.

Au cœur de ce débat se trouve la zone de Clarion-Clipperton (CCZ), une étendue de 6 millions de kilomètres carrés dans le Pacifique. Cet endroit, riche en minéraux rares, abrite également une biodiversité exceptionnelle. Une récente étude a révélé des milliers d’espèces, dont près de 90 % sont inconnues de la science. Les protecteurs de l’environnement s’opposent à l’exploitation minière dans la CCZ en raison des risques qu’elle pose pour ces espèces inconnues et pour la préservation générale de la biodiversité marine.

fond marin
— © Philweb / Wikimedia Commons

La contribution de l’Autorité internationale des fonds marins 

L’Autorité internationale des fonds marins, chargée de délivrer les permis d’exploitation minière en eaux profondes, joue un rôle central dans cette controverse. Les débats sur la réglementation de cette activité soulèvent des questions sur les décisions à prendre et sur leurs implications pour l’environnement marin. L’Autorité internationale des fonds marins a convoqué un sommet en juillet 2023 pour discuter des règles relatives à l’exploitation minière en eaux profondes.

L’exploitation minière en eaux profondes a été évoquée pour la première fois en 2021, lorsque l’île de Nauru, dans le Pacifique, a fait part de son intention à l’Autorité internationale des fonds marins, donnant à cette dernière deux ans pour établir les règles régissant cette nouvelle activité. À l’issue des réunions, les sociétés minières n’ont pas reçu le feu vert immédiat pour commencer l’exploitation. 

Selon Louisa Casson, responsable de la campagne mondiale sur les océans de Greenpeace, la poursuite imprudente de l’exploitation minière en eaux profondes face à la crise climatique n’est pas seulement dangereuse, mais aussi politiquement empoisonnée. Bien qu’il reste un long chemin à parcourir, le monde se bat contre l’exploitation minière en eaux profondes.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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