
Notre espèce n’est pas étrangère aux longues migrations. Des analyses génétiques ont permis d’éclairer la plus spectaculaire de la Préhistoire, ayant vu nos lointains ancêtres venus d’Asie atteindre l’Amérique du Nord puis se répandre vers le sud.
Migration record
Originaires d’Asie du Nord, ces populations humaines pionnières ont traversé la Sibérie, puis atteint le Nouveau Monde via le pont terrestre de Béring, qui la reliait à l’Alaska lors de la dernière période glaciaire. Afin d’obtenir un meilleur aperçu de leur « conquête », Kim Hie Lim, de l’université technologique de Nanyang, et ses collègues ont examiné l’ADN de 1 537 individus modernes, représentant 139 groupes ethniques différents.
Au cours des milliers d’années suivants, à mesure qu’elles progressaient vers le sud, elles se sont scindées en plusieurs groupes, qui se sont adaptés à un large éventail d’environnements, des denses forêts pluviales de l’Amazonie aux territoires arides du Chaco en passant par les hauts sommets andins et les plaines glaciales de Patagonie. Ces quatre populations principales ont progressivement développé un ensemble de caractéristiques génétiques uniques. De façon intrigante, celle s’étant établie dans la partie la plus australe d’Amérique du Sud présentait le plus faible niveau de diversité génétique.
En cartographiant les mouvements génomiques, les chercheurs ont pu déterminer que les premiers humains avaient rallié la pointe nord-ouest de l’Amérique du Sud, là où le Panama actuel rejoint la Colombie, il y a au moins 14 000 ans.
Si ces travaux publiés dans la revue Science n’ont pas permis d’établir quand ils ont posé le pied sur le continent américain pour la première fois, cette estimation cadre avec l’hypothèse dominante voulant qu’il ait été atteint il y a entre 26 000 et 19 000 ans.

Nouvel éclairage
Éclairant une migration épique de 20 000 kilomètres, l’étude s’est appuyée sur le projet GenomeAsia100K, qui constitue la première tentative de cartographie de la diversité génétique profonde des populations asiatiques, et un ensemble de données sans précédent provenant de groupes autochtones.
« Les populations autochtones sont souvent porteuses de traits génétiques distinctifs, façonnés par un isolement de longue durée ou l’adaptation à des environnements extrêmes », souligne Lim. « Leurs génomes offrent une fenêtre unique sur les débuts de l’histoire humaine et nous aide à interpréter les variations génétiques actuelles. »
Il y a quelques mois, une étude avait révélé que la Béringie s’apparentait à une gigantesque tourbière plutôt qu’à une vaste langue de terre solide.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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