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Voici le seul animal au monde à échapper aux microplastiques

Dans l'eau, la nourriture, dans la terre, l'estomac des animaux… les microplastiques sont littéralement partout

Tardigrade
— Videologia / Shutterstock.com

Les microplastiques se retrouvent aujourd’hui dans pratiquement tous les écosystèmes. À l’image des sédiments naturels, ces fragments synthétiques finissent souvent dans l’estomac des organismes marins. Cependant, une créature minuscule, célèbre pour sa résistance extrême aux conditions les plus hostiles, semble être épargnée par cette menace moderne : le tardigrade. Selon une récente étude, publiée dans PeerJ Life and Environment, ces organismes n’ingèrent pas de microplastiques, contrairement à d’autres petites créatures marines. 

Le tardigrade, un survivant exceptionnel

Les tardigrades, également appelés « oursons d’eau », sont réputés pour leur capacité à survivre dans des environnements extrêmes. Ils peuvent résister à des conditions telles que la congélation, l’ébullition, l’absence d’oxygène et même des radiations. Plus surprenant encore, ces organismes microscopiques sont capables de revenir à la vie après un voyage dans l’espace. Ces capacités hors du commun sont déjà bien documentées, mais l’étude menée par une équipe de chercheurs brésiliens a révélé une nouvelle facette de ces créatures : leur résistance à l’ingestion de microplastiques.

Sous la direction de la zoologiste Flávia de França, de l’université fédérale de Pernambouc au Brésil, des échantillons de méiofaune ont été prélevés dans des sédiments marins sur une plage de la côte nord-est du pays. La méiofaune regroupe des invertébrés de petite taille, mesurant entre 45 micromètres et 1 millimètre, qui vivent dans les zones intertidales. Parmi les organismes identifiés dans ces échantillons figuraient des nématodes, des vers plats, des crustacés et des ciliés, ainsi que les célèbres tardigrades.

Une immunité inattendue

L’expérience consistait à exposer ces créatures à des sédiments contenant des microplastiques, notamment des microsphères de polystyrène fluorescentes. Ces dernières, mesurant environ un millième de millimètre de rayon, sont souvent classées dans la catégorie des nanoplastiques. Cependant, pour les besoins de l’étude, les chercheurs ne les ont pas distinguées des microplastiques plus grands. Les résultats ont montré que toutes les espèces testées avaient ingéré ces particules… sauf les tardigrades.

Cette immunité à l’ingestion de microplastiques semble être liée à la structure particulière de leur système digestif. Contrairement à d’autres organismes qui avalent leurs proies en entier, les tardigrades utilisent un stylet pour percer et aspirer leur nourriture. Ce mode d’alimentation spécifique les protège potentiellement contre l’ingestion accidentelle de microplastiques.

Cependant, bien que ces créatures ne consomment pas directement les microplastiques, elles n’en sont pas totalement exemptes. Environ la moitié des tardigrades étudiés avaient des particules de microplastiques accrochées à la surface de leur corps, notamment au niveau de leurs appendices locomoteurs. Cela montre que, même sans ingestion, ils ne sont pas totalement isolés de la pollution plastique qui envahit leur environnement.

Une pollution qui affecte les plus petits

La résistance des tardigrades aux microplastiques est une curiosité scientifique, mais l’étude met surtout en lumière l’impact des microplastiques sur d’autres espèces marines de petite taille. Les vers plats, les gastrotriches et d’autres invertébrés consomment ces particules, parfois involontairement en les confondant avec de la nourriture. Les vers plats, par exemple, se nourrissent d’autres petits organismes marins, et les chercheurs estiment qu’une partie des microplastiques ingérés provient de leurs proies, suggérant que ces particules peuvent se déplacer le long de la chaîne alimentaire.

Un des problèmes majeurs réside dans le fait que les microplastiques ne sont pas seulement inertes ; ils deviennent rapidement des surfaces sur lesquelles des bactéries prolifèrent. Pour certaines espèces, cette couche bactérienne pourrait sembler appétissante, augmentant ainsi le risque d’ingestion. Cela pose des questions cruciales sur les effets à long terme de cette pollution sur la biodiversité marine, en particulier à des échelles aussi petites.

Si la corrélation entre la quantité de microplastiques présents dans l’environnement et leur ingestion par la faune marine semble évidente, les conséquences écologiques de cette pollution ne sont pas aussi claires. L’étude a révélé que la présence de microplastiques dans les sédiments marins entraînait une diminution de la densité et de la diversité des espèces de méiofaune. Cependant, cette tendance n’était pas linéaire : une concentration plus élevée de microplastiques n’a pas toujours eu un impact plus marqué qu’une concentration plus faible. Par ailleurs, un trio de tardigrades en train de s’accoupler a été capturé dans des images rares.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Science Alert

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