Quasiment fermée, la mer Méditérranée ne voit ses eaux se renouveler en moyenne qu’en un siècle. Coup dur pour la grande bleue dont certaines villes côtières déversent directement leurs eaux usées en son sein. Heureusement, la prise de conscience se fait progressivement et des villes comme l’agglomération de Toulon ont pris des mesures pour dépolluer la mer et faire revenir la biodiversité marine.

RETOUR DE LA VIE AU CAP CISIÉ 

En 1978, le biologiste marin Nardo Vicente avait diffusé un film qui avait choqué l’opinion publique. Scènes choquantes mettant en scène de la violence ? Non, seulement la triste réalité de la pollution de la Méditerranée. Avec son cameraman, le scientifique de l’université de Marseille n’avait pas hésité à plonger au large du Cap Cisié près de Toulon, lieu où les eaux usées étaient alors rejetées par la municipalité. Dans une eau brune et nauséabonde, Nardo Vincente filme les fonds marins, vides de toute population aquatique, excepté quelques ophiures noires, des étoiles de mer très robustes.

Quarante ans après, le 17 mai 2018, autre personnage : Emmanuel Plessis, directeur développement de Veolia Provence, sort d’une plongée de contrôle à une dizaine de mètres de la station d’épuration du Cap Cisié. Là où auparavant, les déchets étaient rejetés directement dans la mer sans aucun traitement des eaux usées préalable, se trouve désormais une station d’épuration.

Le constat est optimiste, girelles, éponges de mer, mollusques, nuées d’alevins de sardines, rascasses peuplent les eaux proches du cap. Un retour de la vie aquatique permis par une drôle d’installation : à 26 m de profondeur, 360 m3 de barres métalliques, de rouleaux de fer, de dômes sont installés depuis 2015. Le but, créer des récifs artificiels, à l’image des épaves de bateau riches en vie aquatique, pour permettre à la biodiversité méditerranéenne de revenir s’y installer. L’idée, utilisée par les Japonais depuis des décennies, n’est pas nouvelle donc mais son efficacité ne fait aucun doute.

 

 

UNE PRISE DE CONSCIENCE

C’est le projet Restauration Ecologique en Milieu Océanographique par Récifs Artificiels » (REMORA) financé par la Fondation Veolia, l’agence de l’eau RhôneMéditerranée Corse (RMC) et l’institut océanographique Paul Ricard, qui a permis cette dépollution des eaux. Après le film diffusé par Nardo Vincente en 1979, les autorités locales ont eu une réelle prise de conscience.

Quarante ans en arrière, tout le monde pensait que la Méditerranée était capable à elle seule de disperser et d’épurer la pollution qu’elle contenait. Ce n’était évidemment pas le cas, et le taux de maladies infectieuses attrapées par les touristes qui se baignait dans ces eaux nauséabondes était bien plus élevé que maintenant. Même si pour construire cette station d’épuration apposée à la falaise, il a fallu faire une petite entorse à la loi littorale, elle est désormais une véritable bénédiction pour le tourisme et la biodiversité marine.

Le retour de la vie au cap Cisié est une excellente nouvelle, cependant la mer Méditerranée n’est pas au bout de ses peines. Elle reste menacée par l’absence ou le mauvais traitement des eaux usées dans certains pays. Bordée par 22 pays, dont certains sont soumis aux exigences de l’Union européenne et d’autres pas, les eaux de la mer Méditerranée accueillerait 53 % d’eau usée non traitée selon l’ONU. Le combat pour sauver la grande bleue est encore loin d’être terminé !

 

La station d’épuration du Cap Cisié
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