Liée au changement climatique, la montée des océans pourrait impacter 300 millions de personnes vivant dans des zones côtières d’ici 2050 selon cette nouvelle étude. L’Asie serait la région la plus exposée, avec plus de 75 % des populations menacées se trouvant en Chine, en Inde, au Bangladesh, au Vietnam, en Indonésie et en Thaïlande.
« Le changement climatique a le potentiel de remodeler des régions entières du globe »
Dans le cadre de cette étude parue dans la revue Nature Communications, les scientifiques ont eu recours à l’intelligence artificielle, qui leur a permis de constater que les données existantes relatives à l’altitude des terres dans les zones côtières étaient erronées, et avaient conduit à la sous-estimation des zones impactées par les marées hautes et les tempêtes.
« Les projections concernant l’élévation du niveau des océans n’ont pas changé. Mais lorsque nous utilisons ces nouvelles données concernant le relief, nous trouvons beaucoup plus de personnes vivant dans des régions vulnérables que ce que nous estimions jusqu’à présent », a expliqué Ben Strauss, co-auteur de l’étude.
En analysant les données fournies par la NASA, les chercheurs ont remarqué que le système cartographique employé surestimait systématiquement la hauteur des reliefs côtiers, ce qui les a poussés à revoir leurs calculs. Estimée à 7,7 milliards d’individus en 2019, la population mondiale pourrait atteindre les 9,7 milliards d’ici 2050, avec une majorité d’individus vivant dans des mégalopoles côtières.
À l’heure actuelle, près de 100 millions de personnes vivent dans des zones situées sous le niveau de la mer, ne bénéficiant pour la plupart d’aucune protection. Selon Scott Kulp, auteur principal de l’étude : « Le changement climatique a le potentiel de remodeler des villes, des économies, des rivages et des régions entières du globe ».
Élévation du niveau des océans et tempêtes de plus en plus nombreuses et violentes
Les populations vivant dans les zones côtières sont directement menacées par l’élévation du niveau des océans, provoquée par la fonte des glaces et la dilatation des eaux du globe sous l’effet du réchauffement climatique. À l’heure actuelle, leur niveau grimpe de quatre millimètres chaque année, et selon le Giec (groupe international d’experts analysant l’évolution du climat), ce rythme pourrait être multiplié par 100 si nous ne réduisons pas nos émissions de gaz à effet de serre. Les tempêtes (typhons, cyclones et ouragans violents), dont le nombre et l’intensité vont également être amenés à augmenter sous l’effet du changement climatique, constituent une autre source d’inquiétude majeure.
Si nous parvenons à limiter la hausse globale des températures à moins de 2 °C, comme le prévoit l’accord de Paris, ratifié en 2016 par 195 pays, l’élévation du niveau des océans devrait atteindre 50 centimètres à l’horizon 2100. Mais si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent au rythme actuel, celle-ci pourrait atteindre quasiment 1 mètre. Présenté dans plusieurs revues scientifiques réputées, CoastalDEM, le nouveau système cartographique développé par les auteurs de l’étude, représente un progrès majeur pour mieux appréhender les risques inhérents à l’élévation du niveau des océans liée au changement climatique d’ici la fin du siècle.
Toutefois, selon Bruce Glavovic, professeur à l’université Massey (Nouvelle-Zélande) et spécialiste du climat : « Il n’est pas nécessaire d’avoir une augmentation importante du niveau des mers pour que les problèmes causés soient catastrophiques. »
Par Yann Contegat, le
Source: Sciences et Avenir
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