De nouvelles recherches suggèrent qu’il y a un peu plus de 250 millions d’années, un méga El Niño a transformé la planète en une serre surchauffée, déclenchant une cascade d’événements aux conséquences dévastatrices pour la vie terrestre.
L’extinction du Permien-Trias
Parmi les causes possibles de l’extinction du Permien-Trias, survenue il y a 252 millions d’années et associée à la disparition de 90 % de la vie terrestre, des éruptions volcaniques à l’échelle mondiale, un rayonnement ultraviolet intense consécutif à un appauvrissement global de la couche d’ozone et même des pluies acides avaient été proposés. Cependant, ceux-ci ne permettaient pas d’expliquer de façon convaincante la chronologie des évènements et leur ampleur.
Afin de lever le voile sur ce mystère, une équipe internationale de chercheurs s’est appuyée sur des simulations informatiques avancées, et a également réalisé des analyses isotopiques de dents fossilisées de minuscules organismes marins préhistoriques appelés conodontes. Révélateurs de variations importantes de températures, les niveaux d’isotopes de l’oxygène indiquaient une convergence de ces dernières aux basses et moyennes latitudes océaniques.
L’examen de la structure de roches remontant également à cet épisode dramatique de l’histoire de la Terre a de son côté révélé des signes de sécheresse extrême, renforçant l’idée d’un réchauffement généralisé et brutal de notre planète et, par extension, d’évènements de type El Niño beaucoup plus intenses et prolongés.
Méga El Niño
Se produisant actuellement principalement dans le Pacifique équatorial, ce phénomène dont la durée ne dépasse généralement pas douze mois se caractérise par un réchauffement anormal des eaux de surface, perturbant les régimes de vents et de précipitations à l’échelle mondiale. En raison des conditions climatiques régnant à l’époque du Permien-Trias, les chercheurs estiment que de tels évènements se seraient étalés sur des milliers d’années.
Ceux-ci auraient impliqué des vagues de sécheresse extrêmes et des incendies rendant une grande partie des terres émergées du globe inhabitables, quand d’autres auraient été frappées par des inondations et de puissants cyclones. Dans les océans, la hausse des températures aurait profondément impacté les courants, altéré les cycles des nutriments, de l’oxygène, de l’azote et du soufre, et favorisé la séquestration du CO2 atmosphérique, avec des conséquences dévastatrices pour l’ensemble de la vie marine.
« Les espèces n’étaient tout simplement pas en mesure de s’adapter ou d’évoluer assez rapidement », soulignent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Science. « Notre planète voyait ses terres brûler et ses océans stagner, il n’y avait nulle part où aller. »
Par Yann Contegat, le
Source: The Telegraph
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