Même aujourd’hui encore, le fait d’être une femme peut être un handicap dans de nombreux aspects de la société. Pour lutter contre cela, de nombreuses femmes et hommes ont lutté pour les droits des femmes dans ce que l’on appelle actuellement le mouvement féministe. Pionnière en matière de féminisme, découvrez l’histoire de Mary Astell, l’une des toutes premières féministes de l’Histoire.
Mary Astell est largement considérée comme la première écrivaine féministe en Angleterre. Elle était passionnée par l’égalité en matière d’éducation pour les femmes. Elle a écrit au moins sept livres publiés à Londres et lus à grande échelle, suggérant des opportunités accrues en matière d’éducation et de carrière pour les femmes. Elle est notamment celle qui a influencé les suffragettes dans leur mouvement.
Ses débuts dans la vie
Mary Astell est née le 12 novembre 1666 dans une famille de la classe moyenne à Newcastle upon Tyne, en Angleterre. Elle porte notamment le prénom de sa mère, Mary (Errington) Astell. Son père, Peter Astell, était cadre dans une entreprise de charbon. Il avait de fortes convictions religieuses en tant que conservateur royaliste anglican, ce qui influença Mary tout au long de sa vie et de son travail. Elle avait deux frères, mais seul son frère cadet, Peter, a survécu à l’enfance.
En tant que femme, Mary n’a reçu aucune éducation formelle, bien qu’elle ait reçu une éducation informelle de son oncle à l’âge de huit ans, un ex-pasteur du nom de Ralph Astell, dont les problèmes d’alcoolisme l’ont incité à se retirer de l’Église d’Angleterre. Bien que suspendu de l’Église, il était affilié à l’école philosophique basée à Cambridge qui s’appuyait sur des philosophes tels que Aristote, Platon et Pythagore. Le père de Mary Astell est mort quand elle avait douze ans, la laissant sans dot. Le reste de la famille ayant investi dans les études supérieures de son frère, Mary et sa mère ont déménagé pour vivre avec la tante de Mary.
Ses débuts en tant qu’écrivaine
Après la mort de sa mère et de sa tante en 1688, Astell s’installa à Chelsea, à Londres, au début de sa vingtaine. C’est ainsi à Londres qu’elle eut la chance de faire connaissance avec un cercle de femmes littéraires et influentes dont Lady Mary Chudleigh, Elizabeth Thomas, Judith Drake, Elizabeth Elstob et Lady Mary Wortley Montagu. Cela a grandement contribué au développement et à la publication de son travail.
Elle était entrée également en contact avec l’archevêque de Canterbury, William Sancroft, connu pour ses œuvres de bienfaisance. Sancroft avait décidé d’assister financièrement Astell ; et c’était également celui qui la présenta à son futur éditeur. D’ailleurs, Mary Astell a écrit un recueil de poèmes à Sancroft, pour le remercier de son aimable aide. Par ailleurs, elle a également pu poursuivre ses études avec beaucoup de zèle à Londres. C’est notamment sa passion pour les études qu’elle a poursuivies qui a influencé son désir de promouvoir l’éducation pour les femmes.
Ainsi, en 1694, Mary Astell a publié son premier livre intitulé : « A Serious Proposal to the Ladies » (Une proposition sérieuse pour les dames). Dans ce livre, elle affirme que les femmes ont les mêmes capacités intellectuelles et morales que les hommes, qu’elles méritent également d’être éduquées, et qu’elles doivent s’émanciper des coutumes sociales vaines et insensées. Toujours dans la poursuite de la réalisation des idées qu’elle a présentées dans son livre, Astell a proposé la création d’une académie d’enseignement réservée aux femmes.
Une féministe qui n’hésite pas à s’exprimer malgré la répression
En 1700, Mary publia un autre ouvrage : « Some Reflections upon Marriage » (Quelques réflexions sur le mariage). Dans son livre, elle met les femmes en garde, en prose spirituelle, contre les dangers pour celles qui ont reçu une mauvaise éducation et qui vivent dans un mariage inégal. Elle a ainsi exhorté les femmes à faire de meilleurs choix matrimoniaux, car une disparité d’intelligence et de personnalité peut conduire à la misère. Selon Mary Astell, le mariage devrait être fondé sur une amitié durable plutôt que sur une attraction éphémère.
Influencée par Descartes, Mary Astell était connue pour sa capacité à débattre librement avec les hommes et les femmes, et en particulier pour ses méthodes novatrices de négociation de la position des femmes dans la société en engageant un débat philosophique plutôt que de fonder ses arguments sur des preuves historiques. Elle a pris une part active aux débats politiques, religieux et philosophiques du moment, y compris à ceux de John Locke, qui se demandait si la connaissance venait des sens ou de Dieu.
Par la suite, elle s’est retirée de la vie publique en 1709. Astell fonda également une école de charité pour filles au Royal Hospital à Chelsea pour la propagation de la connaissance chrétienne. Elle organisa elle-même le programme de l’école avec le soutien financier probable de ses protectrices, Lady Catherine Jones et Lady Elizabeth Hastings. À l’âge de soixante ans, elle fut invitée à vivre avec Lady Jones, où elle résida jusqu’à sa mort. En mai 1731, Mary Astell mourut d’un cancer du sein. Elle aurait passé ses derniers jours en isolement volontaire dans une pièce à côté de son propre cercueil.
Après sa mort, le nom de Mary Astell a continué à susciter respect et admiration, quoique source de sentiments mitigés. Astell était un modèle important et une source d’inspiration pour d’autres femmes écrivaines et intellectuelles du XVIIIe siècle, telles que Lady Mary Wortley Montagu, Lady Mary Chudleigh, Elizabeth Elstob, Elizabeth Thomas et Sarah Chapone. En tant que l’une des premières auteures anglaises de la diffusion en masse de ce mouvement que l’on appelle maintenant l’analyse féministe, son influence sur l’histoire du mouvement des femmes anglophones est inestimable.