Mars, la planète rouge… Voilà bien un astre du Système solaire qui, plus qu’aucune autre planète, a déchainé l’imagination des auteurs. Et cela ne s’est pas cantonné qu’à la littérature puisque la planète rouge a aussi eu droit à ses quarts d’heure de gloire sur grand écran. SooGeek revient avec vous sur l’histoire de Mars au cinéma.
Mars est assurément un astre qui a su éveiller la curiosité de l’humanité depuis des temps immémoriaux. Dès l’Antiquité, l’astre est observé par les astronomes et, ayant noté sa singulière couleur rouge, de nombreuses cultures antiques l’associent à des dieux de la mort, de la guerre ou de la destruction. Sitôt l’observation au télescope rendue possible, Mars est également devenue une cible d’observation privilégiée, et a attisé bien des fantasmes. C’est également à cette époque que les écrivains de tous horizons, à partir de la fin du XIXe siècle, se lancent dans l’écriture de nombreuses oeuvres incluant de près ou de loin la planète rouge et ses habitants fantasmés.
Il ne faut pas attendre longtemps avant que le cinéma ne s’empare lui aussi du sujet, et ce dès ses débuts balbutiants. En effet, dès ses débuts le cinéma s’empare du sujet. Le premier film portant sur la planète Mars à faire parler de lui est une superproduction soviétique, Aelita, sortie en 1924. On y suit des soviétiques qui se rendent sur Mars pour y aider la Reine Aelita à reprendre le pouvoir de sa planète qui lui a été usurpée mais ce n’est malheureusement que pour que cette dernière institue également une tyrannie. Très populaire à l’époque de sa sortie, Aelita tombe cependant rapidement en disgrâce auprès du pouvoir soviétique et n’est plus visible jusqu’à la fin de la guerre froide.
Aelita est le premier film célèbre à prendre Mars pour cadre, avec ses décors et ses costumes très avant-gardistes :
Cependant le film a durablement marqué les esprits, et l’image de la planète Mars comme une sorte de « jumelle » de la Terre, avec ses propres remous politiques, demeure un schéma récurrent dans les films, même si les envahisseurs prennent rapidement le pas sur les martiens tourmentés par la guerre civile. Ainsi dans les années 1950, grande époque du film de science-fiction populaire, pour un Flight to Mars, sorti en 1951, présentant une histoire (étrangement) proche d’Aelita, on ne compte plus les films comme It! The Terror from beyond Space (1957) et The Angry Red Planet (1959). Il faut dire que la guerre froide, et la couleur rouge de Mars, associée au communisme, n’aide pas à se figurer autre chose qu’un monde habité d’être hostiles et prêts à attaquer.
Habitée par des créatures agressives, la Mars du cinéma des années 1950 ne fait pas vraiment envie :
Il faut attendre la fin de la guerre froide, et également la progression des connaissances de la planète rouge, pour voir Mars au cinéma dans des circonstances moins éculées, notamment bien sûr avec le mémorable Total Recall, adapté d’une œuvre de Philip K. Dick, réalisé par Paul Verhoeven et avec Arnold Schwarzenegger dans le rôle principal, et qui sort en 1990. Mars tient une place importante dans le film, obsédant le personnage Douglas Quaid dans la première partie du film et servant de cadre à la dernière partie du film (pour éviter tout spoiler nous n’en dirons pas plus :p ), mais au final, le film est plus centré sur son intrigue complexe que sur la planète elle-même.
Impossible d’oublier la planète Mars de Total Recall :
De manière difficilement explicable, il faut attendre l’orée des années 2000 pour voir Mars redevenir une véritable obsession de l’industrie cinématographique, puisque entre 2000 et 2002 pas moins de cinq films vont sortir sur le sujet : Mission To Mars (2000, de Brian De Palma), Red Planet (2000), Ghosts of Mars (2001), Stranded (2001) et Lost on Mars (2002). Si chacun de ces films s’attache à donner une représentation plus réaliste (ou du moins relativement) et proche de la réalité scientifique de Mars, ils suivent globalement tous un schéma comparable (attention spoiler) : à chaque fois des humains se retrouvent en difficulté sur la planète Mars et doivent faire face, d’une manière ou d’une autre, à des extraterrestres ayant vécu sur place bien avant.
Au début des années 2000, une « fièvre de Mars » s’empare du cinéma, des films américains à gros budget comme Mission to Mars (en haut) aux films espagnols à petit budget comme Stranded (en bas) :
Comme quoi, malgré la certitude que Mars n’est plus hospitalière depuis longtemps, l’idée que des martiens y vivent ou y aient vécu est tenace. Cependant ces films, en général à gros budget, ne rencontreront pas le succès, critique ou public, et Mars sera relativement abandonnée. Le même sort sera d’ailleurs réservé au John Carter ouvertement fantaisiste et fantastique sorti en 2012. Dernier gros film en date à utiliser Mars comme sujet central, Seul sur Mars (The Martian) de Ridley Scott et sortant en 2015, met enfin l’accent sur la nature foncièrement inhospitalière de la planète rouge, sans pour autant oublier la fascination qu’elle exerce toujours sur notre imaginaire.
Du fantastique assumé (en haut, John Carter) au réalisme plus poussé (en bas, Seul sur Mars), Mars n’a pas fini d’inspirer les cinéastes :
Définitivement, Mars tient bien une place de choix au cinéma comparée aux autres planètes et lunes du Système solaire. On remarque d’ailleurs qu’il s’agit très souvent de mettre en image ce que la science ne peut pas encore prouver, à savoir que la vie existe (ou a existé) sur Mars, et pas sous forme d’amibes microscopiques. Pensez-vous que Mars continuera d’exercer la même fascination sur l’imaginaire humain ou qu’au contraire celui-ci se tournera vers un autre astre ?
Par Romain Berthommier, le