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Des satellites ont repéré un important dépôt volcanique martien remontant à quelques dizaines de milliers d’années, ce qui renforce l’idée que des microbes aient pu « récemment » prospérer, ou prospèrent encore, sous la surface de la planète rouge.

Un dépôt relativement frais et mince de cendres et de roches

Mars porte encore les stigmates de son passé volcanique. Sa surface est parsemée de ce qui pourrait être les restes de gigantesques supervolcans éteints, et des preuves suggèrent même que l’un d’entre eux est entré en éruption sans interruption pendant 2 milliards d’années. En général, on estime que le volcanisme martien s’est principalement produit il y a environ 3 à 4 milliards d’années et qu’il s’est pratiquement stoppé au cours des derniers millions d’années, à l’exception de quelques très faibles tremblements de terre.

Dans le cadre de travaux présentés dans la revue Icarus, des scientifiques ont découvert une cicatrice semblant être bien plus récente. Repérée depuis une orbite dans une région appelée Elysium Planitia, cette caractéristique est un dépôt sombre de 12,9 km de large entourant une grande fissure de 32,2 km de long. L’équipe affirme que ce dépôt ne ressemble à rien de ce qui a été observé dans la région, ou ailleurs sur Mars.

À en juger par ses couches par rapport à son environnement, ainsi que par le nombre de petits cratères qu’elle contient, l’équipe a calculé que son âge était d’environ 53 000 ans. Elle ne semble pas être le résultat d’éruptions de coulées de lave ordinaires, mais d’un événement plus explosif provoqué par des gaz en expansion, appelé éruption pyroclastique.

La tache sombre s’étendant de part et d’autre de cette fissure dans la région de Cerberus Fossae marque l’activité volcanique la plus récente jamais observée sur Mars. Elle mesure environ 13 km de diamètre — © NASA / JPL / MSSS / The Murray Lab

« Cette caractéristique recouvre les coulées de lave environnantes et semble être un dépôt relativement frais et mince de cendres et de roches, représentant un style d’éruption différent de celui des caractéristiques pyroclastiques précédemment identifiées », explique David Horvath, auteur principal de l’étude. « L’éruption a pu projeter des cendres jusqu’à 9,7 km dans l’atmosphère de Mars. Il est possible que ces types de dépôts aient été plus fréquents mais qu’ils aient été érodés ou enterrés. »

D’importantes implications

Il est intéressant de noter que cette éruption volcanique potentiellement la plus jeune se trouve à quelques kilomètres seulement d’un grand cratère d’impact qui pourrait également être le plus récent de Mars. Selon les auteurs de l’étude, les époques de l’éruption et de l’impact sont indiscernables, ce qui soulève la possibilité, bien que spéculative, que l’impact ait en fait déclenché l’éruption volcanique.

Les implications d’une éruption volcanique aussi récente vont au-delà de la simple sismologie. L’activité volcanique pourrait potentiellement favoriser la vie microbienne souterraine, en créant de la chaleur et en faisant circuler les nutriments dans les roches. Une étude récente de l’université Brown a révélé que la planète rouge pourrait présenter ces conditions favorables aujourd’hui – et la nouvelle recherche donne du poids à cette idée.

« L’interaction entre le magma ascendant et le substrat glacé de cette région pourrait avoir fourni des conditions favorables à la vie microbienne assez récemment et soulève la possibilité d’une vie existante dans cette région », conclut Horvath.

Elysium Planitia, la région du volcanisme récent (encadré blanc) et l’atterrisseur InSight de la NASA. Surplombant la plaine, le volcan Elysium Mons s’élève à près de 13 km au-dessus de sa base — © MOLA Science Team
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