Le mariage japonais et ses différentes cérémonies sont intéressants, car il ouvre une fenêtre sur le rapport des Japonais avec la religion. Un mélange des genres repris dans l’adage japonais « On naît shinto, on se marie chrétien et on meurt bouddhiste ». Les cérémonies s’occidentalisent de plus en plus, mais les rites shinto gardent une place importante dans la culture japonaise. L’histoire du mariage quant à elle s’ancre dans l’époque Heian où il était avant tout question de penser au futur de ses héritiers.
Comme la grande majorité des éléments de la culture japonaise, on en trouve les origines à l’époque de Heian (794 – 1185). La société aristocratique de l’époque était très hiérarchisée et le but de toute famille était d’accéder à l’échelon supérieur. Le meilleur outil pour y parvenir, c’était d’enfanter et d’éduquer ses enfants dans le but de les préparer au mariage pour avancer sur l’échelle sociale. Cela dit, même si le principe ressemble fortement à des mariages arrangés, les deux futurs époux se rencontraient plusieurs fois avant de s’unir. Traditionnellement, ils s’envoyaient des lettres pendant quelques mois avant de se rencontrer après la tombée de la nuit. Après trois rencontres, ils étaient considérés prêts à se marier.
Les parents de la mariée devaient se charger de l’organisation du banquet. Pour les membres des plus hautes classes sociales, il arrivait aux hommes de prendre plusieurs épouses ou concubines, entraînant des rivalités. C’est ce que l’on retrouve dans les plus vieilles histoires japonaises comme Le Dit du Genji. La tradition se poursuit à travers les siècles, mais à l’époque d’Edo (1600 – 1868), le rôle du patriarche est encore plus étendu. Il est le garant de toute la famille au sens large du terme. C’est le chef du foyer qui décidait de tous les mariages et toutes possessions qui entraient dans la vie des époux devenaient les possessions de la famille tout entière.
La pire chose que pouvait faire un fils à son père, c’était refuser de se marier, même s’ils n’avaient bien souvent pas le choix à cause de la pression sociale. La pensée de Confucius (551 av. J.-C. – 479 av. J.-C.) encore très présente à l’époque encourageait les gens à se marier en dehors de leurs connaissances mêmes si les ascensions hiérarchiques étaient de moins en moins efficaces pour évoluer socialement alors que le pouvoir à la tête du pays se solidifiait. Le but était surtout de faire grandir sa famille, son clan et d’assurer sa pérennité. Les femmes n’avaient que très peu de choix et une fois mariées devaient légalement faire passer leur nouvelle famille avec leur famille d’origine.
L’amour n’entrait pas vraiment dans l’équation, car la passion était vue comme l’ennemie de la longévité du couple. Il s’agissait d’arrangements pour améliorer la puissance de la famille et pour assurer une descendance. Les rapports sexuels entre les époux se limitaient d’ailleurs à la reproduction. Pour le plaisir, les hommes allaient voir ailleurs, chez les courtisanes et les geishas. Durant l’époque de Meiji et l’avant-guerre (1868 – 1945), les futurs époux gagnent un peu plus de liberté en pouvant se voir durant la cérémonie d’introduction appelée omiai. Cela dit, même si le choix du patriarche ne plaisait pas, il était rare de pouvoir se désister.
Encore dans les années 30, le simple fait de tomber amoureux était vu par les anciennes générations comme une faiblesse mentale. Cela dit, le divorce devient possible à partir du début du XXe siècle. Du moins possible pour les hommes. Depuis l’occidentalisation du Japon suite à la victoire des Américains dans le Pacifique, le Japon a beaucoup évolué, et ses moeurs aussi. Les mariages arrangés ont petit à petit disparu pour laisser place aux mariages d’amour. De nos jours, la grande majorité des jeunes ne désirent pas se marier, posant les fondations d’une crise démographique sans précédent pour le XXIe siècle.
L’institution du mariage au Japon évolue depuis son apparition au début de l’époque d’Heian au IXe siècle. La pensée de Confucius, le bouddhisme et le shintoïsme ont tous joué un rôle étroit aux côtés des mouvements politiques et sociaux dans cette évolution. De nos jours, l’influence de l’Occident a transformé le mariage depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et attire de moins en moins les jeunes générations, que ce soit avec des cérémonies traditionnelles ou chrétiennes.