Si les araignées et les requins géants peuplent d’ores et déjà les films de nombreux réalisateurs au budget serré, il y a bien un animal qui n’a pas traversé leurs esprits : le manchot. Mais la découverte de ce fossile pourrait bien les inspirer… Alors que nos actuels « empereurs » atteignent en moyenne 110 centimètres de hauteur, cette espèce préhistorique récemment découverte mesurait 1,65 mètre ! De quoi nous interroger sur l’évolution de ces oiseaux…

 

Un manchot géant

L’existence de ce manchot préhistorique, découvert en Nouvelle-Zélande et répondant au nom de Kumimanu biceae, remonte à bien longtemps… À près de 60 millions d’années, pour être précis ! Cet énorme oiseau mesurait 1,65 mètre, mesurait 1,77 mètre de longueur lorsqu’il s’étendait pour nager, et pesait près de 100 kilos.

Il se place ainsi en deuxième position des manchots les plus énormes de l’histoire de la planète, juste derrière le Palaeeudyptes klekowskii, découvert en Antarctique, pesant 115 kilos et mesurant 2 mètres. S’il n’a pas battu le record du plus gros sphénisciforme du monde, le Kumimanu biceae est en tous cas le plus vieux manchot géant jamais découvert. Il aurait vécu durant le Paléocène, une période géologique qui a débuté il y a 66 millions d’années, à la suite d’une extinction de masse ayant annihilé une grande partie des espèces animales et végétales de la planète.

 

Une trouvaille qui date de 2004

Les premières traces du manchot Kumimanu biceae ont été retrouvées en 2004, par Alan Tennyson, à l’origine d’ailleurs de l’étude publiée dans Nature. Alors qu’il parcourait une plage de la région d’Otago – connue pour ses fossiles d’oiseaux – avec R. Paul Scofield (co-auteur de l’étude), il est tombé sur une énorme roche.

Sur le site du musée Te Papa Tongarewa, situé en Nouvelle-Zélande, il déclare : « Sur la surface de cette roche particulière, on pouvait voir quelques os ressortir. J’ai donc ramassé la roche et je l’ai emmené chez moi. Mais à l’époque, nous n’avions aucun moyen pour extraire les os, donc il a pris la poussière pendant quelques années. Puis en 2015, Al Mannering a commencé son travail sur le fossile ».

Et de continuer : « Le fossile a révélé une multitude d’os : ceux d’un manchot géant […]. Il est compliqué de savoir à quoi ressemblait exactement ce manchot, mais il était sûrement très impressionnant, aussi grand que la plupart des gens, et doté d’une puissante musculature lui permettant de résister aux fortes pressions sous-marines ». Selon M. Tennyson, le manchot aurait été « considérablement plus puissant que l’Homme ».

 

Le gigantisme chez les manchots

Avec cette nouvelle espèce, antérieure à celle du Palaeeudyptes klekowskii (qui date d’il y a 37 millions d’années), le monde scientifique situe mieux l’apparition du gigantisme chez les manchots. Les chercheurs à l’origine de l’étude ont en effet écrit : « Qu’une espèce de manchot rivalise avec le plus grand sphénisciforme retrouvé semble indiquer que le gigantisme chez les manchots est apparu peu après leur incapacité à voler ».

Car oui, les lointains ancêtres des manchots pouvaient voler. C’est suite à l’extinction de masse, survenue juste avant l’ère du Paléocène, que les « nouveaux » manchots ont établi leur terrain de jeu dans les océans, alors libérés d’un grand nombre de prédateurs. Toujours dans l’étude, les chercheurs déclarent : « Le gigantisme était peut-être une caractéristique propre aux manchots du Paléogène une période regroupant trois époques, dont le Paléocène. Ils ont ainsi pu évoluer après la disparition de leurs contraintes aérodynamiques ».

Le genre d’animaux vivant durant le Paléogène.

 

Pourquoi les manchots géants ont-ils disparu ?

Si les manchots géants n’existent plus, c’est qu’ils ont sans doute perdu la guerre contre les mammifères marins. Avec l’apparition des phoques, des morses et autres baleines, les ressources étaient l’objet de multiples batailles entre les espèces. Et les manchots géants, vaincus, ont probablement cessé d’exister.

Il est certain qu’au fil des découvertes, nous en apprendrons plus quant à l’histoire des espèces préhistoriques. Mais pour l’instant, il faudra se contenter de l’incroyable découverte du Kumimanu biceae : Kumumanu signifiant « Oiseau-monstre » en Maori et biceae en honneur de Bice Tennyson, la mère de l’auteur de l’étude.

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