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Le récent réexamen d’échantillons d’anciens sols gelés suggère que les populations de mammouths et de chevaux sauvages de l’ère glaciaire se sont éteintes bien plus lentement que prévu.

Un réexamen fructueux

Extraits du pergélisol canadien au début des années 2010, les échantillons étudiés étaient restés dans un congélateur pendant des années. Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature Communications, Tyler Murchie et ses collègues de l’université McMaster ont décidé de les réexaminer. Les analyses ADN pratiquées montrent que les mammouths laineux, les chevaux sauvages et les bisons des steppes ont persisté 8 000 ans de plus qu’on ne l’estimait auparavant.

Au cours de la transition PléistocèneHolocène, il y a environ 11 000 à 14 000 ans, le climat a connu des changements rapides ayant conduit à l’extinction de nombreuses espèces de l’ère glaciaire, incluant les mastodontes et les tigres à dents de sabre. Des recherches antérieures avaient estimé que deux facteurs en étaient à l’origine : une perte de ressources alimentaires due au réchauffement climatique et une chasse excessive par les humains.

L’équipe de Murchie souhaitait comprendre précisément comment et pourquoi les grandes espèces nord-américaines avaient survécu pendant des milliers d’années avant de disparaître.

Illustration montrant les espèces de mammifères ayant évolué dans la région du Yukon (Canada) au cours de l’ère glaciaire — © Guogang Zhang / Hubei University

La plupart des échantillons d’ADN sont prélevés sur les os ou les poils, mais les sols renferment également des traces génétiques laissées par les différentes espèces animales les ayant foulés. « En recueillant de minuscules particules de terre, dans ce cas entre 0,5 et 1 gramme, ce qui représente très peu de sédiments, nous pouvons reconstituer l’ensemble de l’écosystème avec une variété d’animaux qui existaient dans la région », expliquent les auteurs de l’étude.

Des découvertes inattendues

L’ancien écosystème a été reconstitué en utilisant la datation au radiocarbone de la matière végétale piégée dans le sol en combinaison avec les séquences génomiques microscopiques des espèces animales. De façon inattendue, il s’est avéré que les grands mammifères comme les mammouths et les équidés étaient déjà en déclin avant que le climat ne se réchauffe. Les chercheurs ont également trouvé des traces d’ADN de mammouths laineux et d’anciens chevaux d’Amérique du Nord remontant à 5 000 ans seulement, impliquant que ces créatures aient existé jusqu’au milieu de l’Holocène.

« Maintenant que nous disposons de ces technologies, nous réalisons combien d’informations sur l’histoire de la vie sont stockées dans le pergélisol », estime Murchie.

Les chercheurs soulignent la nécessité de collecter et d’archiver davantage d’échantillons de pergélisol. Sous l’effet du réchauffement climatique, celui-ci fond, entraînant l’altération de l’ADN qu’il renferme et libérant davantage de CO2 dans l’atmosphère, qui amplifie le phénomène.

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