La chlorose était une mystérieuse maladie qui touchait principalement les jeunes filles au teint pâle et verdâtre. Elle a suscité l’intérêt des artistes et des écrivains, mais aussi des médecins qui y voyaient une manifestation de la sexualité féminine. Retour sur l’histoire de cette affection disparue au XXe siècle.
Une maladie des jeunes filles au teint pâle et verdâtre
La chlorose, aussi appelée “maladie verte”, “anémie hypochrome” ou “maladie de la vierge”, était une affection qui se manifestait par une faiblesse, une dépression, une perte d’appétit et une légère coloration verdâtre de la peau. Elle ne touchait que les adolescentes et les jeunes femmes, et était considérée comme liée à leur état de virginité.
L’origine de la chlorose remonte à l’Antiquité, où Hippocrate l’avait déjà décrite dans ses écrits. Mais c’est au XVIe siècle qu’elle a été nommée pour la première fois “morbus virgineus” ou “la maladie des vierges” par Johannes Lange, un professeur allemand. Le terme “chlorose” vient du grec “chloros”, qui signifie “vert-jaune”, et a été adopté au XVIIe siècle.
La chlorose a connu son apogée du XVIe au XIXe siècle, où elle a inspiré de nombreux artistes, romanciers, poètes et dramaturges, qui lui ont consacré plus de peinture et d’encre que les médecins à la recherche d’un traitement. Elle a également suscité la crainte du public, car elle était réputée être mortelle. En 1659, à Londres, 186 personnes sont mortes de cette maladie, selon un recensement réalisé par John Graunt.
Une anémie ou une conséquence du refoulement sexuel ?
Les médecins de l’époque avaient du mal à expliquer la cause et le remède de la chlorose. Certains pensaient qu’il s’agissait d’une anémie ferriprive, c’est-à-dire d’une carence en fer dans le sang. D’autres y voyaient une conséquence d’un déséquilibre hormonal, d’une infection, d’un ulcère ou d’une endocardite. Mais la plupart y voyaient une expression de la sexualité féminine refoulée.
Selon cette théorie, la chlorose était due à une stagnation du sang dans le corps des jeunes filles, qui n’était pas évacué par les règles ou par les rapports sexuels. Le sang s’accumulait alors dans d’autres parties du corps, provoquant des troubles divers. Le remède préconisé était donc le mariage, suivi du sexe, de la grossesse et de l’accouchement. Le sexe était censé ouvrir le corps et favoriser la circulation sanguine.
Cette vision de la chlorose reflétait la misogynie du passé, qui considérait les femmes comme des êtres inférieurs et soumis aux hommes. Elle servait aussi à justifier le contrôle social sur leur sexualité et leur reproduction. Certains médecins plus progressistes proposaient cependant des alternatives au mariage, comme l’exercice physique ou l’alimentation.
Une maladie éclipsée par les progrès médicaux et sociaux
Au début du XXe siècle, la chlorose a perdu de son intérêt et de sa crédibilité. Elle a été requalifiée de “pseudochlorose”, une “conséquence d’une maladie” plutôt qu’une maladie en soi. Elle a été remplacée par le terme “anémie hypochrome”, qui désigne une forme d’anémie caractérisée par un faible taux d’hémoglobine dans le sang.
La disparition de la chlorose peut s’expliquer par plusieurs facteurs : l’amélioration des conditions de vie et de l’hygiène alimentaire, qui a réduit les carences en fer ; le développement des connaissances médicales et biologiques, qui a permis de mieux comprendre les causes et les traitements des anémies ; le changement des mentalités et des mœurs, qui a libéré les femmes du joug patriarcal et leur a donné plus d’autonomie sur leur corps.
Aujourd’hui, le terme “chlorose” n’est plus utilisé en médecine humaine, mais il désigne encore un phénomène végétal : la décoloration jaunâtre des feuilles due à un manque d’activité des chloroplastes.
Et le petit bonhomme Cetelem et tout vert c est parce qu’il est vierge aussi, la connerie humaine