Il n’existe pas de recette magique pour créer le méchant parfait. Tout est dans les subtilités qui lui donnent du relief. Dans les séries, le magnétisme d’un acteur crève parfois l’écran et se colle à merveille à la personnalité du personnage, parfois même jusqu’à voler la vedette au héros. Revenons ensemble sur les grands meurtriers, manipulateurs et traîtres de séries.

 

Gustavo Fring (Giancarlo Eposito dans Breaking Bad)

Il faut se méfier de l’eau qui dort. Toujours serein, Gustavo incarne l’extrême opposé de l’idée que l’on se fait d’un méchant. Chaque geste est accompagné d’une certaine politesse, pas une poussière sur ses vêtements et il est le directeur d’une chaîne de fast-food. Sous cette façade, Gustavo dirige un empire criminel et distribue de la méthamphétamine dans tous les États-Unis. Il est pragmatique et impitoyable, mais ses mouvements et ses actions sont toujours contrôlés. Quand il perd son sang-froid, il tranche des gorges avec un cutter. Le plus grand adversaire de Walter White restera dans les mémoires, notamment grâce à sa dernière scène où, après une explosion lui arrachant la moitié du visage, il prend le temps de resserrer sa cravate avant de s’écrouler.

 

Ben Linus (Michael Emerson dans Lost)

Ben Linus non plus ne se cantonne pas à l’archétype basique du méchant. Physiquement, il n’a rien d’impressionnant et est toujours à un désavantage face aux héros de Lost. Sa force, c’est son cerveau. C’est un maître de la manipulation, un expert dans l’art du mensonge. Il agit avant tout pour son propre intérêt et n’hésite pas à sacrifier des vies humaines, alliées à sa cause ou non. Il s’exprime toujours calmement, dans une voix monotone et sans émotion, ce qui rend son visage imperméable à toute tentative de deviner ses vraies intentions. Au fur et mesure que la série progresse et devient de plus en plus mystérieuse, Ben Linus semble toujours détenir une vérité et un savoir que nous n’avons pas, lui donnant une longueur d’avance sur les autres personnages et attirant inévitablement le spectateur vers lui. Un méchant énigmatique et calculateur, parfait pour l’univers de Lost.

 

L’homme à la cigarette (William B. Davis dans X-Files)

L’homme qu’on ne voit jamais, mais qui sait tout. Il incarne le concept même de la conspiration, qui voile la vérité du grand public et défend les secrets les plus sombres du gouvernement. Présent aux moments terribles de l’Histoire américaine, il connaît tout du gigantesque complot qui sert de toile de fond à X-Files. Ayant accès à tous les sites protégés et toutes les données du gouvernement, il a toujours une longueur d’avance sur les autres personnages et est le grand gardien du secret de l’existence des extraterrestres. L’homme qui était censé ne jouer que dans un épisode se retrouve être le plus grand antagoniste des héros pendant toute la série. Sa vision de la morale est cependant ambiguë et il se considère lui-même comme un protecteur de l’Humanité qui retarde l’inévitable invasion extraterrestre. Quoi qu’il en soit, L’homme à la cigarette reste le personnage le plus mystérieux d’une série qui a fait du mystère sa marque de fabrique.

 

Nina Myers (Sarah Clarke dans 24)

Quand 24 commence, Jack est de retour avec sa femme, mais sort également d’une relation avec sa collègue Nina Myers. Au bureau comme sur le terrain, elle est son alliée la plus fidèle, la seule en qui il peut avoir réellement confiance. Personne n’a vu venir sa trahison à la fin de la première saison. Nina est un agent double et toute la dynamique amicale et sexuelle entre elle et Jack est un mélange de mensonges et de réels sentiments, comme dans toute bonne histoire d’espions ! C’est avec Nina que l’on comprend que la série 24 va rapidement se transformer en un bain de sang lorsqu’elle tue Teri, la femme de Jack juste après que sont identité a été révélée. Elle revient plusieurs fois dans la série, toujours pour retourner le couteau dans la plaie. Ne vous y trompez pas, elle ne survivra pas à Jack Bauer, mais elle peut se vanter d’avoir été la seule à avoir pu le berner et le blesser au plus profond de son être. Sans hésiter l’un des personnages féminins les plus détestés de la télévision.

 

Al Swearengen (Ian McShane dans Deadwood)

Son nom annonce la couleur (« swear » veut aussi dire « jurer/insulter » en anglais). Des insultes, vous allez en entendre dans le bar/maison close d’Al Swearengen. Il est l’un des premiers à s’installer à Deadwood et contrôle immédiatement toutes les activités criminelles alors faciles à gérer. À une époque où beaucoup est permis et le peu qui ne l’est pas reste souvent impuni, Al est dans son élément. D’autres méchants viennent empoussiérer leurs bottes à Deadwood, mais il est le seul à survivre au temps qui passe et au shérif Seth Bullock (joué par Timothy Olyphant de Justified). Entre intimidation et humour, Al Swearengen est un personnage qui incarne l’époque à merveille tout en offrant des subtilités surprenantes. Sachez également que comme la plupart des personnages de la série, Al Swearengen a vraiment existé. Connu pour sa cruauté, il occupait les mêmes fonctions dans la vraie ville de Deadwood et mourut en 1904.

 

Trinity Killer (John Lithgow dans Dexter)

Arthur Mitchell (le vrai nom de Trinity) est l’exemple parfait du tueur en série que l’on ne soupçonnerait jamais. Non pas qu’il fait tout pour s’en cacher ou qu’il reste éveillé la nuit en pensant à l’image qu’il projette comme Dexter, mais de l’extérieur, c’est juste un homme de classe moyenne banal qui vit de façon monotone dans sa banlieue pavillonnaire. Il est l’un des tueurs en série les plus meurtriers de l’histoire des États-Unis, tuant ses victimes trois par trois. Cela fait maintenant des décennies que le FBI le recherche sans réussir à comprendre son mode opératoire. En réalité, Mitchell tente de reproduire les meurtres dont il a été le témoin dans son enfance. Dexter l’analyse afin de comprendre comment il a pu rester libre toutes ces années avant de le tuer. Malheureusement, avant de mourir, c’est la femme de Dexter qui a complété le dernier triple meurtre de Mitchell. L’extraordinaire interprétation de John Lithgow fait de cette saison la meilleure de la série. L’un des personnages les plus marquants de ces dernières années à la télévision.

 

James Moriarty (Andrew Scott dans Sherlock)

Le « Napoléon du crime » inventé par Sir Arthur Conan Doyle fait toujours des ravages plus de 120 ans après sa première apparition. Il est la version sombre de Sherlock, son antithèse, son opposé. Ils se ressemblent tellement que l’on peut transposer la plupart de leurs traits principaux et se retrouver avec le même personnage. Mais Moriarty n’est pas un détective, c’est un maître du crime. Il est le manipulateur et le cerveau de tout ce qui se fait de plus terrible dans ce monde. Si un autre criminel notoire prépare son prochain coup, Moriarty l’encourage et le conseille. Ce qui est génial dans son personnage, c’est qu’il ne fait pas ça pour le profit ou pour le pouvoir, mais pour apaiser son ennui. Il est si intelligent que tout parait facile et le crime est la seule chose qui lui fait fuir la banalité de la vie. Sherlock est son jouet. Il s’amuse à préparer des crimes simplement pour le rapprocher de ses propres ténèbres et le faire devenir la même chose que lui. La performance d’Andrew Scott est l’une des grandes surprises de la série de la BBC et a largement participé à son succès. Un mauvais Moriarty aurait pu tuer la série, quel que soit le magnétisme de son Sherlock. L’évolution du personnage par rapport à celui du livre est précise et colle parfaitement à notre époque. Toutes ses apparitions sont théâtrales, et la scène de son soi-disant suicide est la plus marquante de toute la série. Il est le méchant parfait, qui ne flirte qu’avec le mal par curiosité et toujours avec intelligence. Prêt à tout pour gagner sa partie d’échecs contre Sherlock, il pousse ce dernier à détruire son identité.

 

De plus en plus de livres et de séries proposent des personnages en demi-teinte, des antihéros tranchant avec le manichéisme et des antagonistes auxquels on s’attache. Dans une bonne histoire, le rôle de l’adversaire est tout aussi important que celui du héros. Il est donc agréable de revenir à ce qui fait un méchant, un vrai méchant et d’admirer la manipulation et la violence qui les caractérisent. Quel méchant de série est pour vous le plus malfaisant ?

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