― Hiba Al Kallas / Shutterstock.com

Il y a une dizaine de jours, le Liban était déjà éreinté avec une crise économique sans précédent. Avec une monnaie qui s’effondre, le tourisme au point mort, un taux de chômage affolant couronné par de nombreuses coupures de courant, les Libanais ne pensaient pas pouvoir connaître pire. Malheureusement, la situation du Liban vient justement d’empirer.

Les Libanais en plein cauchemar

Le lundi 27 juillet 2020, Courrier international nous rapporte que le quotidien beyrouthin L’Orient-Le Jour a interpellé ironiquement le Premier ministre libanais Hassane Diab sur la situation chaotique du pays. Car le Liban est effectivement plongé dans la noirceur avec des « mafias politiques ou d’affaires » qui contrôleraient l’État ainsi que « des secteurs aussi divers que les carburants, les carrières, les prix des denrées alimentaires jusqu’au secteur hospitalier ».

Et économiquement parlant, le pays est également au plus bas avec une valeur monétaire qui a considérablement chuté au fil des années car, si en 1997, 1.507 livres équivalaient à 1 dollar, la monnaie libanaise s’était déjà effondrée à 9.000 livres le dollar, créant une forte inflation. Pour les denrées alimentaires, certaines se sont raréfiées tandis que pour d’autres, les prix ont explosé.

Comme l’explique Courrier international, cette inflation a été aggravée par la baisse drastique du pouvoir d’achat des consommateurs libanais, accentuée par l’arrêt du tourisme et par la mise au chômage de 30 % des travailleurs libanais à cause de la pandémie de coronavirus et des mesures de confinement. Et cerise sur le gâteau, le Liban connaît de plus en plus de coupures d’électricité depuis ce mois de juillet. Par exemple, les Libanais ont été privés de courant presque toute la nuit du lundi 27 au mardi 28 juillet, ce qui a amené l’éditorial de L’Orient-Le Jour à poser cette question remplie d’ironie : « Mais fallait-il absolument tant de noirceur – on vous le demande, Hassane Diab – pour le rendre encore plus invisible, ce sacré État ? » Avec tous ces problèmes, les Libanais ne se doutaient surement pas qu’il puisse leur arriver pire.

Le Liban subit une double explosion faisant des centaines de morts et des milliers de blessés

Une double explosion a effectivement frappé la capitale libanaise le mardi 4 août 2020 juste après 18h, rapporte la BBC. L’incident avait commencé par un incendie dans la zone portuaire de Beyrouth qui a atteint un entrepôt renfermant pas moins de 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium qui étaient conservées sans précaution, et entreposées là depuis six ans.

L’incendie s’est par la suite transformé en un champignon atomique. Selon un dernier bilan provisoire fournit par le ministère de la Santé libanais, 158 personnes sont décédées et 6.000 ont été blessées. Le président Michel Aoun a, quant à lui, proclamé un état d’urgence de deux semaines dans le pays ainsi qu’une période de deuil officielle de trois jours et le déblocage de 100 milliards de livres de fonds d’urgence. Peu après la catastrophe, George Kettani, le chef de la Croix-Rouge libanaise, déclarait aux médias locaux, d’après des propos rapportés par la BBC :

Ce à quoi nous assistons est une énorme catastrophe. Il y a des victimes et des blessés partout. Plus de 100 personnes ont perdu la vie. Nos équipes continuent de mener des opérations de recherche et de sauvetage dans les zones environnantes.

Une enquête a été lancée et le Conseil suprême de la défense du Liban a déjà déclaré que les coupables seraient condamnés à la peine maximale. Par ailleurs, plusieurs pays ont proposé de soutenir le Liban dans cette catastrophe, notamment la France, qui a envoyé plusieurs tonnes de matériel sanitaire ainsi que des équipes de secours le mercredi 5 août 2020. Le président français Emmanuel Macron s’est également rendu au Liban le jeudi 6 août. En tout cas, une chose est sûre : la population libanaise est au bout du rouleau.

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