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Pourquoi Leopold et Loeb, deux brillants étudiants, ont-ils commis le « crime du siècle » en 1924 ?

Il y a un siècle, ces deux adolescents de Chicago ont assassiné de sang-froid un jeune garçon nommé Bobby Franks

Leopold Loeb
Loeb (gauche) et Leopold (droite) — © German Federal Archives / Wikimedia Commons

Des adolescents de Chicago, Nathan Leopold et Richard Loeb, ont assassiné de sang-froid un jeune garçon, il y a un siècle. Ce meurtre, commis pour le simple plaisir de commettre un crime parfait, a captivé la nation et continue de fasciner le public aujourd’hui. Les journaux de l’époque avancèrent diverses théories pour expliquer ce meurtre macabre, allant de l’éducation privilégiée des jeunes hommes à leurs croyances athées. Erik Rebain, auteur de Arrested Adolescence : The Secret Life of Nathan Leopold, souligne que le public cherchait des réponses à des questions récurrentes : « Pourquoi cela s’est-il produit ? Comment ces jeunes hommes ont-ils pu en arriver là ? »

Une enfance privilégiée et une relation toxique

Leopold et Loeb, issus de riches familles juives de Chicago, avaient grandi dans un environnement privilégié. En dépit de leur quartier commun et de leur éducation similaire, ils ne devinrent amis qu’au printemps 1920. Leur relation devint rapidement intime et criminelle, passant de petits vols à des incendies criminels. 

Loeb, décrit comme sociable et charismatique, était perçu comme l’instigateur de leurs crimes, tandis que Leopold, plus intellectuel et distant, trouvait une fascination intellectuelle dans la transgression des lois. Leur relation complexe comprenait des promesses de complicité criminelle en échange de faveurs sexuelles.

En novembre 1923, ils organisèrent un cambriolage à l’université du Michigan, mais le succès limité de cette entreprise les poussa à envisager un crime plus audacieux : un enlèvement suivi de meurtre. Ils planifièrent minutieusement un scénario complexe incluant des fausses identités, des comptes bancaires fictifs, et une méthode de meurtre qui les rendrait tous deux également coupables.

Leopold Loeb
Leopold (en haut) et Loeb (en bas) — © German Federal Archives / Wikimedia Commons

Le meurtre de Bobby Franks

À l’âge de 14 ans, Bobby Franks avait défendu avec ferveur l’abolition de la peine de mort lors d’un débat scolaire, déclarant que « seul Dieu est autorisé à ôter la vie humaine ». Sa rhétorique puissante lui avait valu la victoire. Deux semaines plus tard, il était retrouvé mort, victime d’un meurtre choquant qui souleva des questions durables sur le système de justice.

Le 21 mai 1924, Richard Loeb, 18 ans, rencontra Bobby Franks alors qu’il rentrait de l’école. Bien qu’il ait refusé l’invitation de Loeb à monter dans sa voiture, Franks céda finalement sous prétexte d’une discussion sur une raquette de tennis. Selon leurs témoignages, Loeb frappa Franks à la tête avec un ciseau à main, et Leopold l’étouffa avec un chiffon enfoncé dans la gorge.

Le lendemain, le corps nu de Franks fut découvert dans un caniveau par un immigrant polonais. En effet, après le meurtre, ils ont déshabillé le corps de Franks, l’ont aspergé d’acide chlorhydrique pour dissimuler son identité, puis l’ont abandonné dans un caniveau. Ils envoyèrent ensuite une demande de rançon à la famille Franks, mais leur plan échoua rapidement lorsque le corps fut découvert avant que la rançon ne puisse être payée.

Leurs lunettes tombées sur les lieux et d’autres incohérences dans leurs alibis les incriminèrent rapidement. Confrontés à ces preuves, Loeb avoua le crime, suivi de Leopold. Ils revendiquèrent leur acte comme une démonstration de leur intelligence supérieure et de leur statut de « surhommes » au-dessus de la loi.

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Bobby Franks

Le « procès du siècle » et ses conséquences

Le procureur Robert Crowe voulait la peine de mort pour Leopold et Loeb, mais leurs familles engagèrent Clarence Darrow, un célèbre avocat opposé à la peine de mort. Darrow transforma leur plaidoyer en une plaidoirie de culpabilité, évitant ainsi un procès devant jury. Darrow argumenta que les tueurs étaient mentalement malades et que leur jeunesse et leurs traumatismes d’enfance devaient être pris en compte. Il a plaidé avec éloquence contre la peine de mort, affirmant que la miséricorde était le plus grand attribut de l’humanité.

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Leopold en prison © Bundesarchiv, Bild 102-10970, via Wikimedia Commons under CC BY-SA 3.0

Le 10 septembre 1924, le juge John Caverly condamna Leopold et Loeb à la prison à vie, plus 99 ans pour l’enlèvement. Cette sentence provoqua une vive réaction publique, beaucoup estimant que leur richesse et leur privilège avaient influencé la clémence du juge. Leopold et Loeb furent incarcérés dans la prison d’État de l’Illinois, où ils s’adaptèrent progressivement à la vie carcérale. En 1936, Loeb fut tué par un autre détenu à l’âge de 30 ans, tandis que Leopold continua à vivre et à travailler en prison, participant à des recherches médicales.

Leopold a demandé une libération conditionnelle, qui lui a été refusée en 1953 à la suite d’un important tollé public, mais qui a été approuvée en 1958. Le 13 mars 1958, Leopold, alors âgé de 53 ans, est libéré de prison après avoir purgé 33 ans de sa peine. Il s’est installé à Porto Rico, où il a travaillé comme technicien de laboratoire jusqu’à sa mort en 1971. L’histoire de Leopold et Loeb a inspiré de nombreux ouvrages, films et pièces de théâtre.

Par ailleurs, découvrez 8 tueurs en série qui ont marqué l’histoire par leurs crimes effroyables.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Smithsonianmag

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