― Federico Magonio / Shutterstock.com

Nous connaissons tous Léonard de Vinci. Que nous ayons fait sa connaissance en cours d’histoire, en cours de sciences ou en arts plastiques, le parcours de ce grand homme de la Renaissance à la fois peintre, scientifique, anatomiste, philosophe et inventeur est impressionnant. Récemment et après une étude de son arbre généalogique, des historiens ont découvert que l’artiste de la Renaissance avait à ce jour encore 14 descendants. L’objectif ? Comprendre « ses talents extraordinaires, notamment son acuité visuelle, à travers des associations génétiques ».

Une étude généalogique de longue haleine

D’après l’étude généalogique mentionnée ci-dessus, Léonard de Vinci aurait 14 descendants vivants. Ces résultats ont été obtenus après le travail de longue haleine des historiens Alessandro Vezzosi et Agnese Sabato, qui ont passé plus d’une décennie à retracer la généalogie de l’auteur de La Joconde. L’arbre généalogique qu’ils ont réalisé s’étend sur 690 ans, 21 générations et cinq branches familiales. Loin d’être parfaitement inutile, ce travail minutieux sera indispensable pour aider les anthropologues à séquencer l’ADN de Léonard de Vinci après avoir séquencé celui de ses descendants, estiment les chercheurs.

Pour reconstituer l’arbre généalogique de Léonard de Vinci, les historiens Vezzosi et Sabato ont utilisé des documents d’archives historiques, mais également des récits directs de descendants survivants. Cela leur a permis de retracer les cinq branches de l’arbre généalogique de l’artiste. Selon les historiens, Léonard faisait partie de la sixième génération des Da Vinci.

Ce travail minutieux fut loin d’être facile, puisque même à l’origine, l’histoire familiale de Léonard de Vinci est compliquée. En effet, un seul de ses parents peut être correctement retrouvé dans les archives. Léonard de Vinci est né dans la ville toscane d’Anchiano, à la suite d’une relation hors mariage. Léonard de Vinci était le fils de l’avocat florentin Ser Piero da Vinci et d’une paysanne nommée Caterina. Des recherches de Martin Kemp, historien de l’art à l’université d’Oxford, avaient suggéré que Caterina était une orpheline de 15 ans au moment de la naissance de son fils Léonard. Cinq ans plus tard, elle est brutalement séparée de son fils qui est emmené dans le domaine familial de la ville de Vinci (d’où sa famille a pris son nom de famille) pour vivre avec ses grands-parents paternels. Lorsque sa vie prit fin le 2 mai 1519 à l’âge de 67 ans, Léonard de Vinci n’avait aucun enfant connu. Son frère, en revanche, a eu des enfants, ce qui a pu aider les historiens. Pour la petite anecdote, Léonard de Vinci aurait eu 22 demi-frères !

L’arbre généalogique créé par les historiens commence en 1331 avec Michele, arrière-arrière-grand-père de Léonard de Vinci. Il se termine avec 14 descendants vivants, chacun exerçant une variété de professions : parmi eux, un pâtissier, un forgeron, un artiste, des employés de bureau, un tapissier… Leurs âges sont également très divers puisqu’ils ont entre 1 et 85 ans. Le plus étonnant est qu’ils habitent tous dans les communes voisines de Vinci, déclare Alessandro Vezzosi à l’ANSA (Agenzia Nazionale Stampa Associata). Giovanni Vinci, l’artiste, déclare qu’il ne pense avoir « rien en commun avec Léonard » et ajoute que peut-être « Léonard se retourne dans sa tombe pour mon travail – mais pour le reste, j’espère qu’il est fier », a-t-il déclaré à l’Evening Standard.

Le mystère de l’ADN de Léonard de Vinci

Beaucoup de difficultés et de mystères résident autour de l’ADN de Léonard de Vinci, et ces recherches pourraient aider les experts à identifier à qui appartenaient les ossements retrouvés dans la chapelle de Saint-Hubert, à proximité d’Amboise où séjournait l’artiste, dans son Clos Lucé. Ces ossements appartiennent-ils vraiment à Léonard de Vinci ? Difficile de le savoir, puisque la sépulture originale de Léonard de Vinci a été enregistrée à la chapelle Saint-Florentin du château d’Amboise. Toutefois, la chapelle a été laissée à l’abandon après la Révolution française, et plus tard démolie. Des récits contemporains avancent qu’un squelette complet aurait été exhumé du site et déplacé vers la chapelle Saint-Hubert voisine, mais s’il s’agit ou non des ossements de Léonard de Vinci est une question à laquelle les chercheurs n’ont pour l’instant pas de réponse. Leur ambition sera donc de comparer le chromosome Y trouvé dans l’ADN de ces ossements au chromosome Y des descendants masculins de l’homme de sciences. Effectivement, et selon les chercheurs, le chromosome Y a été transmis de père en fils et est resté pratiquement inchangé pendant 25 générations.

Séquencer l’ADN de l’artiste aurait également un deuxième intérêt, au-delà de trouver l’identité du propriétaire de ces ossements. En effet, ce travail sur l’ADN de l’artiste, permis au départ par une recherche généalogique, pourrait également permettre aux scientifiques de mieux comprendre l’artiste, « ses talents extraordinaires, (et) notamment son acuité visuelle, à travers des associations génétiques ». C’est du moins ce qu’allèguent des représentants du Leonardo Da Vinci DNA Project, dont l’objectif est d’utiliser l’information génétique pour créer des images 3D de Léonard de Vinci grâce à un processus que l’on nomme le « phénotypage de l’ADN ».

Finalement, retrouver au moins des fragments du code génétique de Léonard de Vinci pourrait aider les historiens de l’art à vérifier l’authenticité des œuvres d’art, des notes et des entrées de journal prétendument créées par l’inventeur italien en comparant son ADN découvert avec les traces d’ADN trouvées sur les pièces. Nous pourrions également en apprendre plus sur le génie de la Renaissance : des informations sur sa taille, sur sa santé ou sur des maladies héréditaires pourraient être mises au jour lors de ces recherches.

Cette recherche été publiée le 4 juillet dans la revue Human Evolution. Elle fait suite à celle qui avait déjà été publiée en 2016, lors de laquelle 35 descendants plus ou moins lointains de Léonard de Vinci avaient été identifiés, et parmi eux le réalisateur italien Franco Zeffirelli, décédé en 2019. Toutefois, cette dernière ne pouvait donner que des informations vagues au niveau génétique puisqu’il s’agissait des descendants de la lignée féminine, tandis que la plus récente se base sur la lignée masculine.

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