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Il existe une race de lapin – appelé le sauteur d’Alfort – qui est capable de marcher en équilibre sur ses pattes avant. Ils sont si doués pour cet exercice que l’on pourrait croire qu’ils ont été entraînés pour le faire. Ce n’est pourtant pas le cas, puisque des chercheurs ont pu démontrer que cette capacité leur est innée.

Une altération génétique débilitante qui perturbe la locomotion chez le lapin

Généralement, les lapins se servent de leurs quatre pattes pour se déplacer en sautillant. Mais pour le cas du sauteur d’Alfort, il se déplace en marchant en équilibre à la verticale sur ses pattes avant. Si cela peut sembler très amusant et distrayant, cette capacité s’accompagne malheureusement de problèmes débilitants. Observés depuis 1935, les scientifiques ignoraient jusqu’à présent d’où leur venait cette capacité singulière. Une étude réalisée par les chercheurs de l’université de Porto au Portugal et de l’université d’Uppsala en Suède donne enfin une solution à cette énigme.

Selon l’étude, cette capacité résulte d’un gène défectueux qui est lié à l’élevage sélectif effectué par les humains. Plus précisément, la mutation à l’origine du problème provoque un dysfonctionnement des cellules nerveuses qui coordonnent les messages nerveux dans tout le corps et tous les groupes musculaires, ce qui est essentiel pour une démarche équilibrée. D’après les résultats de l’étude publiés dans la revue PLOS Genetics, cette mutation récessive a été trouvée dans le code du gène RORB, qui affecte la moelle épinière des lapins et les empêche de se déplacer et de sauter comme les autres races.

Afin d’identifier le gène en question, l’équipe de chercheurs a croisé un lapin sauteur d’Alfort avec un lapin blanc de Nouvelle-Zélande ordinaire capable de sauter normalement. Les scientifiques ont par la suite procédé à l’analyse génétique des 52 descendants du couple. Ces tests ont été réalisés afin d’identifier d’éventuelles mutations chez les lapins qui ne pouvaient pas sauter par rapport à ceux qui le pouvaient, a rapporté The Guardian. C’est là qu’on a trouvé les mutations du gène RORB, mais il a également été découvert que les lapins qui ne pouvaient pas sauter avaient moins de neurones exprimant la protéine RORB dans leur moelle épinière, ce qui interférait probablement avec le mouvement de leurs membres postérieurs.

Un gène également présent chez les humains

Si les résultats de cette étude sont très importants pour la compréhension des sauteurs d’Alfort, les implications de l’étude vont au-delà des lapins. « L’étude contribue à nos connaissances de base sur une fonction très importante chez l’homme et chez tous les animaux – sur comment nous pouvons nous déplacer », a notamment expliqué Leif Andersson, coauteur de l’étude, à Science News. « Cela contribue à comprendre comment la moelle épinière fonctionne, de quels gènes elle dépend, quels neurones sont essentiels pour la coordination des contractions musculaires pendant la locomotion », a-t-il également déclaré durant une interview téléphonique avec CTVnews.

Il a notamment précisé que ce gène n’est pas cible pour le saut, mais pour la locomotion en général, et cela est également valable pour les humains. Les chercheurs ont cependant précisé que le gène RORB n’était pas le seul gène important pour la locomotion et la coordination. De plus, les chercheurs ne sont pas encore certains de la manière sont l’altération de ce gène affecte la locomotion chez les lapins sauteurs d’Alfort. Les chercheurs cherchent également à déterminer si ce gène affecte d’autres capacités du lapin dans la mesure où il peut être détecté dans de nombreuses régions du cerveau telles que le cortex somatosensoriel, auditif, visuel et moteur primaire. Ainsi, d’autres études devront encore être menées pour avoir une compréhension plus précise du gène RORB.

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