De nouveaux travaux alarmants révèlent une forte hausse du nombre de lacs glaciaires à l’échelle mondiale au cours des trois dernières décennies, illustrant l’impact de la fonte et du recul des glaciers engendré par le réchauffement climatique.
Trente années d’archives satellites analysées
Pour cette recherche récemment publiée dans la revue Nature Climate Change, des chercheurs de l’université d’Exeter (Royaume-Uni) ont passé au crible plus de 250 000 images satellites afin d’évaluer dans quelle mesure les lacs formés par la fonte des glaciers étaient affectés par le réchauffement de la planète et d’autres processus. Leurs analyses ont montré que le nombre de lacs glaciaires avait augmenté de 53 % entre 1990 et 2018, soit une augmentation de 51 % de la surface du globe couverte par ces derniers.
L’équipe a déterminé que 14 394 lacs glaciaires s’étendaient actuellement sur près de 9 000 km² à travers le monde, et estimé que leur volume avait augmenté de 48 % en l’espace de trois décennies, pour atteindre un total de 156,5 km cubes d’eau.
« Nos résultats montrent la rapidité avec laquelle les systèmes de surface de la Terre réagissent au changement climatique, et la nature globale de ce phénomène », estime Stephan Harrison, auteur principal de l’étude. « Plus important encore, ils aident à combler un vide, étant donné que, jusqu’à présent, la communauté scientifique ignorait quelle quantité d’eau ces formations renfermaient à l’échelle mondiale. »
Un tableau mondial nuancé
Les lacs glaciaires constituent une source importante d’eau douce pour de nombreuses communautés, en particulier dans les montagnes d’Asie et dans certaines parties de l’Amérique du Sud, mais représentent également une menace croissante en raison des inondations qui peuvent détruire villages, routes et autres infrastructures essentielles. Selon le rapport, les étendues d’eau ayant connu la croissance la plus rapide se trouvent en Scandinavie, en Islande et en Russie, avec une doublement de leur superficie depuis 1990.
Si le processus s’est révélé plus lent en Patagonie et en Alaska, les scientifiques rappellent que les lacs de ces régions sont beaucoup plus vastes et que l’augmentation moyenne de 80 % de leur volume d’eau constatée représente une part énorme à l’échelle mondiale. D’après l’équipe, trois des plus grands lacs de Patagonie ont ainsi atteint une superficie de 3582 km² en 2018, soit une augmentation de 27 km² en l’espace de trois décennies.
Ailleurs dans le monde, le tableau était plus variable, avec une croissance rapide des lacs glaciaires dans le nord du Groenland, en accord avec un réchauffement climatique plus extrême dans l’Arctique, tandis que, dans le même temps, une diminution de leur surface globale a été constatée dans la partie sud-ouest du territoire, avec notamment certaines étendues d’eau se vidant en quelques heures.
De nombreuses communautés menacées par les inondations
Bien que les eaux de fonte soient cruciales pour de nombreuses communautés vivant dans les vallées en aval des glaciers, l’augmentation rapide du nombre de lacs glaciaires et de leur volume d’eau peut avoir des effets dévastateurs. Dans leur article, les scientifiques évoquent notamment les menaces particulières qui pèsent sur les centrales hydroélectriques de l’Himalaya, le pipeline trans-Alaska, qui traverse des montagnes abritant des lacs glaciaires, les grandes routes comme la route du Karakoram entre la Chine et le Pakistan, un corridor via lequel transitent des milliards d’euros de marchandises chaque année.
« Au fur et à mesure que les lacs glaciaires s’étendent, le risque d’inondations explose », soulignent les auteurs de l’étude. « Dans certaines parties de l’Himalaya et des Andes, le recul des glaciers constitue un danger majeur pour les communautés. Au cours du 20e siècle, ces inondations ont tué des dizaines de milliers de personnes et détruit des infrastructures précieuses. »
Par Yann Contegat, le
Source: The Guardian
Étiquettes: réchauffement climatique, changement climatique, glacier, lac glaciaire, fonte
Catégories: Actualités, Écologie