Kids on the Slope nous ouvre les portes de l’univers du jazz à travers une tranche de vie de deux lycéens que tout semble opposer. Si l’un est adepte d’un piano classique et structuré, l’autre est un amateur de batterie pleine d’émotion. Les deux amis vont découvrir au fur et à mesure de l’intrigue toute la joie que peut apporter le jazz aux musiciens. Deux personnages diamétralement opposés qui vont se rapprocher grâce à la musique et tisser la première réelle amitié de leur vie.
Si le manga de Yuki Kodama publié de 2007 à 2012 en neuf volumes fut récompensé par des prix et loué par la critique, ce n’est que suite à son adaptation en anime que l’oeuvre s’est fait connaître internationalement. Depuis son enfance, Kaoru Nishimi déménage sans cesse à cause de la profession de son père. Ce dernier étant marin, il change de port d’attache après quelques années et recommence ailleurs. Prêt à attaquer le lycée en 1966 et ayant besoin d’un minimum de stabilité, Kaoru déménage chez son oncle à Kyushu en quittant la ville de Yokosuka. Ce style de vie en a fait un introverti et le seul refuge qu’il trouve, c’est de jouer du piano, sans pour autant avoir une grande affection pour les compositeurs classique qu’il imite par habitude.
Le jour de la rentrée, il prend place au fond de la classe, non loin d’une seconde place vide. Lorsqu’il la remarque, le souffre-douleur de la classe lui fait comprendre que la place en question est celle de Sentaro Kawabuchi, le bad boy de la région, connu pour se bagarrer de façon hebdomadaire. Sujet à des crises d’angoisse, Kaoru décide d’aller prendre l’air sur le toit de l’école lorsque l’une d’entre elles se déclenche en plein cours. Arrivé en haut des escaliers, quelqu’un dort devant la porte menant à l’extérieur. Des élèves de terminale se ramènent avec la clef pour accéder au toit et lorsque Kaoru la demande, ces derniers le bousculent et se moquent de lui.
Celui qui dort et qui s’apprête à leur faire mordre la poussière, c’est évidemment Sentaro. De retour en classe, la déléguée Ritsuko et amie d’enfance de Sentaro fait connaissance avec Kaoru et lui en apprend plus sur l’école et les environs. Son père gère une boutique de vinyles spécialisée dans le jazz. Et lorsque Kaoru lui rend visite, elle lui montre ce qui se cache sous la boutique : une salle de répétition. À la batterie, Sentaro joue un jazz libéré et explosif. Ce dernier défie Kaoru à s’essayer au jazz en l’accompagnant avec le piano qui trône en face de la batterie. L’alchimie de la musique lie les deux lycéens et une amitié fleurit durant les semaines à venir.
Au fur et à mesure que leur amitié se développe et que les morceaux de jazz s’enchaînent, on en apprend davantage sur le passé douloureux de Sentaro et sur les problèmes de Kaoru. L’un est extraverti et l’autre introverti, mais aucun des deux n’a jamais eu de vraie amitié. Kids on the Slope prouve encore une fois que les opposés s’attirent. Après avoir signé le légendaire Cowboy Bebop, il n’est pas difficile de comprendre ce qui décida le grand Shinichiro Watanabe à se pencher sur l’adaptation du manga.
Ce dernier se déroule au milieu des années 60 et cela s’entend à travers les pages. Ici, il est question de Bill Evans ou de Chris Connor. Mais tout commence avec Art Blakey and the Jazz Messengers, et plus particulièrement l’album Moanin’. C’est justement ce groupe et la philosophie qui accompagne ce style de jazz et le bebop qui ont inspiré Watanabe dans la création de Cowboy Bebop (la série citant même directement le groupe dans son générique d’introduction). La musique de l’anime est absolument magnifique, signée par Yoko Kanno lorsqu’elle n’est pas issue du répertoire jazz.
Au niveau de l’anime de douze épisodes, on regrette une coloration assez terne, des ombres digitales et trop de dessins vectoriels avec des fonds manquant cruellement de détails. Malgré ça, les épisodes parviennent à capturer parfaitement l’ambiance des années 60 et celle de Kyushu, grâce à quelques plans détaillés et contemplatifs mettant le focus sur des éléments traditionnels japonais. L’histoire d’amitié entre Kaoru et Sentaro est touchante, humaine et cohérente, que cela soit dans sa version papier ou animé. Sans surprise, c’est pourtant l’amour qui sera le réel élément perturbateur de l’intrigue et qui viendra bousculer le coeur des deux amis de façon différente.
Si les lauriers reviennent à Yuki Kodama pour avoir créé le manga d’origine, l’adaptation de Shinichiro Watanabe et son amour pour le jazz font de l’anime un supplément indispensable. Pour tous les amateurs de jazz, Kids on the Slope sera ce qui manquait au paysage de l’animation japonaise. Une narration volontairement lente qui laisse le temps à la musique de respirer et aux personnages de développer des sentiments réalistes. Préférez-vous le style du piano de Kaoru ou celui de la batterie de Sentaro ?
Par Florent, le
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