Développée par un institut américain, cette nouvelle méthode d’apprentissage destinée aux intelligences artificielles s’inspire de l’emblématique jeu de dessin et constituerait un entraînement bien plus efficace que les jeux de Go ou les échecs. Explications.

 

Une méthode d’apprentissage innovante pour l’IA qui reprend le concept du Pictionary

Au cours des dernières décennies, les intelligences artificielles sont parvenues à battre l’humain à de nombreux jeux. Le super ordinateur IBM Deep Blue s’illustrait en 1997 en battant Garry Kasparov, champion du monde en titre, aux échecs, tandis que l’IA AlphaGo venait à bout de Ke Jie, considéré comme le meilleur joueur de Go au monde, en 2017. Pourtant, comme l’a déclaré Andrew Moore, dirigeant de Google Cloud AI, en novembre 2018 : « l’IA actuelle est en réalité extrêmement stupide ». Très douée pour réaliser certaines tâches que notre cerveau ne peut gérer, celle-ci est en effet incapable de développer une pensée créative ou de s’aventurer hors des sentiers battus.

C’est cette incapacité à développer un raisonnement général avec des analogies qui a poussé l’institut de recherche indépendant Allen for Brain Science à développer une nouvelle approche pour optimiser l’apprentissage des IA. Selon les chercheurs, le « sens commun » devrait se retrouver au cœur des avancées concernant l’intelligence artificielle, et le moyen le plus indiqué pour y parvenir serait de l’entraîner différemment, en reprenant par exemple le concept du Pictionary, qui consiste à faire deviner un mot, une expression ou une idée à son partenaire dans un temps limité, avec un dessin. Les résultats de leurs travaux prometteurs ont été présentés dans la revue Science Magazine.

 

1 200 images pour représenter 75 000 scénarios

Baptisée Iconary pour éviter tout problème avec la société Mattel, détentrice des droits du Pictionary, cette nouvelle méthode d’apprentissage prometteuse diffère légèrement de l’originale mais le but reste le même : faire deviner à l’IA ce qu’un humain a dessiné et inversement (voir la vidéo ci-dessous). Lorsque le joueur humain dessine, l’IA se charge de retranscrire ses traits sous forme d’icônes, qu’elle va assembler pour former une phrase cohérente. À l’heure actuelle, l’Iconary propose deux niveaux de difficulté et sa base de données intègre 1 200 images pouvant être utilisées pour représenter quelque 75 000 scénarios.

L’IA mise au point par l’Institut Allen est pour l’instant capable d’établir un lien entre les objets dessinés (il interprète par exemple le dessin d’un ballon et d’un groupe de personnes comme une équipe), mais la reconnaissance d’objets est encore jugée insuffisante par les chercheurs. En effet, si Allen A.I s’améliore au fil des parties, tout se joue pour l’instant sur la collaboration homme-machine, puisque l’IA doit intégrer des concepts lui étant, par essence, inconnus. Selon Oren Etzioni, dirigeant de l’Institut Allen : « Afin de rendre une IA aussi intelligente qu’un humain, il faudrait la sensibiliser aux principes de base de la physique, ainsi qu’à d’autres concepts, pourtant basiques, lui étant inconnus ».

Si vous souhaitez jouer à Iconary, il vous suffit de suivre ce lien (en anglais).

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