sphinx-romain
Image d’illustration — Achim Wagner / Shutterstock.com

Des archéologues ont annoncé avoir finalement déchiffré l’inscription d’une antique statue de sphinx, trouvée il y a deux siècles dans ce qui constituait autrefois la province romaine de Dacie.

Un mystère archéologique tenace

Les sphinx sont apparus dans l’iconographie égyptienne il y a environ 4 600 ans, avant de se répandre au Proche-Orient et en Grèce à l’âge du bronze, puis en Asie centrale à l’âge du fer. Courants à l’époque grecque et romaine, les sphinx de style naxien représentaient un lion ailé avec un visage féminin. Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Mediterranean Archeology and Archaeometry, des archéologues se sont récemment penchés sur une statue en bronze datant du IIIe siècle.

Mis au jour au début du XIXe siècle sur le site de l’ancien camp romain de Potaissa, dans l’actuelle Roumanie, l’artefact avait été volé à un comte européen vers 1848. Bien qu’il n’ait jamais été retrouvé, l’équipe a pu s’appuyer sur un croquis détaillé de la statue pour déchiffrer la mystérieuse inscription présente sur son socle.

S’il avait été précédemment estimé que les vingt caractères utilisés étaient probablement issus d’un ancien alphabet grec, le texte lu phonétiquement n’avait aucun sens. Les auteurs de la nouvelle étude ont pu déterminer que le scribe avait utilisé une langue proto-hongroise pour rédiger un court poème rythmique, se lisant en fait de droite à gauche.

« L’inscription du sphinx présente de nombreuses caractéristiques archaïques qui rappellent à la fois les alphabets de Dypilon [Athènes], de Mégare [cité grecque] et de Naxos [île des Cyclades] », détaillent-ils.

« Regardez, admirez, adorez : voici le lion sacré »

Se lisant comme suit : « Íme imádd : itt híres oroszlán », que l’on pourrait traduire en français par « Regardez, admirez, adorez : voici le lion sacré », il s’agissait vraisemblablement d’une invitation à vénérer le sphinx, adressée aux visiteurs d’un temple dédié à Isis, déesse de la maternité, de la magie et de la fertilité.

Selon Peter Revesz, chercheur à l’université du Nebraska et auteur principal de la nouvelle étude, il s’agit d’une trouvaille archéologique unique, contribuant à éclairer des pratiques religieuses minoritaires sous l’Empire romain, dont il subsiste peu de traces.

« Le culte du sphinx ne faisait pas partie de la mythologie romaine antique dominante, caractérisée par les dieux et déesses que nous connaissons bien aujourd’hui », souligne-t-il.

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments