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Une femme souffrant de dépression sévère a été traitée avec succès grâce à un implant cérébral expérimental. Cette avancée constitue un véritable espoir pour les patients chez qui les approches conventionnelles se révèlent inefficaces.

Un stimulateur cérébral de la taille d’une boite d’allumettes

Certains cas de dépression s’avèrent si graves que ni les thérapies ni les médicaments ne suffisent à améliorer l’état du patient. Il y a un peu plus d’un an, une Américaine de 36 ans souffrant d’une forme sévère de la maladie depuis plusieurs années avait accepté de subir une procédure expérimentale impliquant la pose d’un implant cérébral personnalisé. Récemment décrite dans la revue Nature Medicine, cette approche novatrice a fonctionné et ses pensées suicidaires ont aujourd’hui complètement disparu.

Au plus fort de sa dépression, Sarah avait dû quitter son emploi et emménager chez ses parents, à la demande de son médecin. Ayant pris plus de 20 composés différents et passé de longs mois à l’hôpital, celle-ci avait également essayé diverses techniques expérimentales ayant fait leurs preuves (stimulation magnétique transcrânienne, thérapie électro-convulsive…), sans que ses symptômes ne s’améliorent.

De la taille d’une petite boite d’allumettes, le stimulateur cérébral développé par des chercheurs de l’université de Californie a été fixé chirurgicalement à l’hémisphère droit du cerveau de la patiente. Spécifiquement adapté à son activité cérébrale, celui-ci détecte les schémas neuronaux liés à la maladie et délivre des impulsions permettant de les corriger.

Évalué à 33 juste avant son opération, le score de Sarah sur une échelle standard de la dépression était tombé à 14 deux semaines seulement après l’implantation du « stimulateur cérébral », pour finalement atteindre 10 quelques mois plus tard (fourchette dans laquelle les médecins considèrent qu’un patient est en rémission).

Des impulsions électriques « sur mesure »

La dépression étant une maladie complexe, les chercheurs avaient analysé l’activité cérébrale de Sarah pendant dix jours avant de procéder à l’opération. Grâce à ces données, la stimulation cérébrale profonde a pu être automatisée à l’aide d’un algorithme d’apprentissage automatique. Des électrodes ont été implantées dans deux zones clés du cerveau : le striatum ventral, impliqué dans les émotions, la motivation et la récompense, et l’amygdale, associée aux processus émotionnels.

Le dispositif envoie des impulsions électriques environ 300 fois par jour, par salves de quelques secondes. La patiente a expliqué éprouver un sentiment profond de bien-être lorsque l’implant fonctionne.

S’il convient de rappeler que le dispositif n’a pas éliminé l’activité causant la dépression dans le cerveau de Sarah (il ne fait que la corriger) et que la patiente suit toujours un traitement médicamenteux, son état s’est amélioré de façon spectaculaire. Un an après l’opération, sa dépression est maintenue à distance.

Un espoir pour les personnes souffrant de dépression résistante aux traitements

Environ un tiers des patients souffrant de dépression ne répondent pas aux traitements standards. La stimulation cérébrale profonde et personnalisée pourrait leur permettre de retrouver une vie normale et se révélerait potentiellement efficace pour d’autres maladies mentales. Toutefois, la procédure se révèle invasive et le coût élevé (plusieurs dizaines de milliers d’euros).

« Ces travaux ont fait progresser significativement notre connaissance du fonctionnement cérébral sous-tendant la maladie mentale », estime Katherine Scangos, co-auteure de l’étude. « Nous chercherons prochainement à savoir si les résultats et l’approche utilisés peuvent être étendus à une population plus large. »

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