— Mopic / Shutterstock.com

Des scientifiques australiens ont démontré l’efficacité de l’implant cérébral sans fil Stentrode. Celui-ci a permis à des patients atteints de paralysie grave de reprendre leurs tâches quotidiennes, y compris l’envoi de SMS, de courriels, les achats et les opérations bancaires en ligne, sans devoir recourir à une chirurgie ouverte du cerveau.

Une technologie prometteuse

Dans le cadre de travaux présentés dans le Journal of NeuroInterventional Surgery, une équipe de chercheurs de l’université de Melbourne a procédé aux premiers essais cliniques de l’implant Stentrode, qui se sont révélés être un succès. Grâce à ce dernier et à un eye-tracker pour la navigation au curseur, les deux patients ont pu contrôler un ordinateur utilisant le système d’exploitation Windows 10 sans souris ni clavier et effectuer de nombreuses tâches courantes. Souffrant de sclérose latérale amyotrophique (SLA), les deux sujets avaient respectivement reçu l’implant Stentrode en août 2019 et en avril 2020.

Implanté via une fine incision au niveau du cou, ce dispositif de la taille d’une allumette est ensuite guidé par rayons X à travers un vaisseau sanguin jusqu’au cortex moteur, région du cerveau responsable de la planification et de l’exécution des mouvements volontaires. Celui-ci est alors en mesure de surveiller les signaux électriques provenant du cerveau, et de stimuler les zones cérébrales correspondant à des mouvements musculaires particuliers.

L’activité cérébrale est transmise sans fil à un petit récepteur, puis à un ordinateur qui traduit les signaux en commandes à l’écran. Tout au long de l’essai, les deux sujets ont pu utiliser le dispositif de cette manière pour effectuer des clics et des zooms avec une précision de plus de 90 %. Ils pouvaient également taper à une vitesse allant jusqu’à 20 caractères par minute.

« Il s’agit de réentraîner votre cerveau à fonctionner d’une manière différente »

« Il s’agit de réentraîner votre cerveau à fonctionner d’une manière différente », explique Phillip O’Keefe, le second receveur. « Cela demande beaucoup de concentration au départ, mais devient rapidement une seconde nature, comme le vélo. » L’homme utilise désormais le système Stentrode pour surfer sur Internet, écrire des mails, travailler à temps partiel dans la saisie de données et également consulter ses comptes bancaires. En pensant à bouger sa cheville gauche, celui-ci est capable d’effectuer un clic de souris.

« Voir ces premiers patients héroïques reprendre d’importantes tâches quotidiennes devenues impossibles, comme contacter leurs proches, confirme notre conviction que le Stentrode pourra un jour aider des millions de personnes paralysées », estime Tom Oxley, neurologue travaillant sur le dispositif depuis 2011.

Une partie de la motivation initiale pour le développement du Stentrode était de permettre aux personnes souffrant de paralysie de contrôler des exosquelettes robotisés. S’il s’agit toujours d’un objectif à long terme, les chercheurs expliquent que d’autres études sont prévues pour explorer la manière dont il peut être utilisé pour effectuer des manipulations informatiques plus complexes et espèrent recevoir l’approbation de la Food and Drug Administration, nécessaire pour que le dispositif puisse être commercialisé, d’ici 2025.

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments