Les crannogs écossais. Ces petites îles artificielles bâties durant la Préhistoire, en Écosse ou en Irlande, seraient bien plus âgées que ce que nous estimions jusqu’alors. Une nouvelle étude réalisée par des archéologues a permis de faire reculer la date d’origine de ces îlots artificiels au Néolithique, des milliers d’années plus tôt que prévu.
Une nouvelle étude qui bouleverse les estimations
Les résultats ont été publiés dans la revue Antiquity le 12 juin dernier. En s’appuyant sur des prélèvements et une analyse plus poussée que ce qui a été mené jusqu’alors, les chercheurs ont pu obtenir des datations totalement différentes des estimations qui étaient admises. Jusqu’alors, les archéologues estimaient la naissance des crannogs à l’âge du fer, il y a environ 2800 ans. Ces îlots ont par la suite été utilisés jusqu’en 1700, soit bien après l’époque médiévale.
Depuis quelques années, plusieurs voix s’élèvent dans la communauté scientifique et avancent le fait que ces structures pourraient être bien plus anciennes que ce que nous pensons. Et comme le rappelle l’archéologue Fraser Sturt, “ces crannogs représentent un effort monumental réalisé il y a des milliers d’années pour construire des mini-îles en empilant de nombreuses tonnes de roches sur le lit du loch”.
Les deux archéologues britanniques auteurs de l’étude fascinante, Duncan Garrow et Fraser Sturt, se sont associés en 2016 et 2017, afin d’étudier plus en profondeur ce phénomène. Ils se sont notamment interrogés sur la question des crannogs des Hébrides extérieures (des îles occidentales de l’Écosse). Ils se sont intéressés à quatre sites, et les ont datés avec la méthode de carbone 14, également appelée datation par le radiocarbone. Et les résultats sont tout simplement fascinants, puisqu’il a été estimé que ces sites datent de 3640-3360 av. J.-C., c’est-à-dire à l’époque du Néolithique. À titre de comparaison, cela remonte avant le site de Stonehenge, qui date d’environ 2500 avant notre ère. Ainsi, les humains construisaient ces îlots il y a environ 5500 ans, et non pas 2800.
Des structures importantes
Également, en plongeant à côté des vestiges de cette plateforme, les scientifiques ont pu faire des découvertes extraordinaires. Des pots, extrêmement bien conservés sous la surface du lac, ont été mis au jour, et leur datation coïncide avec l’époque du Néolithique ancien. Au sein des îles exploitées, c’est environ 200 récipients datant du Néolithique qui ont été découverts, d’une valeur inestimable.
Les chercheurs estiment que ces pots ont été intentionnellement jetés dans l’eau, probablement dans le cadre d’un rituel, qui devait se dérouler sur les espaces artificiels. Ces îlots sont relativement petits, ils sont aménagés de la main de l’Homme, et ils mesurent environ 10 mètres de large. Généralement, ils n’ont pas de chaussée les reliant à la terre ferme, mais c’est le cas pour certains d’entre eux, agrémentés d’une chaussée de pierres. On peut avancer que pour les peuples anciens, ces structures avaient une importance certaine, puisque des milliers d’entre elles sont désormais recensées. En Écosse seulement, il y en a environ 570. On estime qu’en Irlande il y en aurait encore plus. Enfin, le Pays de Galles en abrite aussi.
Les chercheurs concluent leur étude en rappelant que seulement 10 % des crannogs écossais ont été datés au radiocarbone. Cela signifie notamment qu’il pourrait y avoir des constructions encore plus anciennes que celles du Néolithique, et que la quête de la vérité sur ces structures artificielles n’est clairement pas finie. La création d’une telle structure nécessitait des pierres pouvant peser jusqu’à 250 kg, un poids énorme pour des communautés préhistoriques.
Par Benjamin Cabiron, le
Source: LiveScience
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