Découvert dans le sud de la Sibérie il y a plus d’une décennie, un os fossilisé s’est avéré appartenir à une adolescente issue du croisement de deux espèces humaines distinctes d’Homo sapiens.
Un témoignage unique
Seul vestige connu d’un humain hybride de première génération, cet os de doigt vieux d’environ 90 000 ans avait été mis au jour en 2012 dans une grotte des montagnes de l’Altaï, connue pour abriter des témoignages fossiles de Dénisoviens, Néandertaliens et Homo sapiens.
Si une analyse ADN réalisée en 2018 avait permis d’établir que l’individu, de sexe féminin et âgé d’environ 13 ans au moment de sa mort, était né de l’union d’un Dénisovien et d’une Néandertalienne, un examen génomique plus poussé avait montré que le père de « Denny » était porteur d’une faible ascendance néandertalienne, remontant à des centaines de générations.
Les Néandertaliens et les Dénisoviens vivaient en Eurasie jusqu’à ce qu’ils soient remplacés par des humains modernes il y a environ 40 000 ans. Alors que des restes de Néandertaliens ont été découverts en Europe, au Proche-Orient et en Asie centrale, ceux des Dénisoviens n’ont été trouvés que dans les grottes de Denisova, en Russie, et de Baishiya, sur le plateau tibétain.
Compte tenu de ces maigres témoignages (quelques dents, un os de la mâchoire inférieure, quelques fragments de crâne et un unique os de doigt), nous savons très peu de choses sur les Dénisoviens, mais il est probable qu’ils étaient morphologiquement plus proches de Néandertal que d’Homo sapiens.
Métissage préhistorique
Bien qu’ils soient considérés comme des espèces distinctes, il ne fait aucun doute que Néandertaliens, Dénisoviens et humains modernes s’avéraient suffisamment proches sur le plan génétique et géographique pour se métisser.
Aujourd’hui, la plupart des personnes d’ascendance européenne conservent des traces de cet héritage néandertalien dans leur patrimoine génétique, tandis que des gènes dénisoviens (qui joueraient un rôle dans l’adaptation à la haute altitude) ont été identifiés chez certaines populations d’Asie du Sud-Est.
Comme le concluait un article scientifique paru en 2015 : « La recherche génomique récente a montré que l’hybridation entre des lignées sensiblement divergentes est la règle, et non l’exception, dans l’évolution humaine. »