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Image d’illustration — Denis—S / Shutterstock.com

Le récent examen d’ossements de mammouths découverts dans le sud des États-Unis indique un établissement des humains modernes sur le continent nord-américain bien plus précoce que prévu.

Des ossements vieux de 36 250 à 38 900 ans

Les scientifiques ont longtemps débattu de la date d’arrivée des premiers humains en Amérique du Nord. Alors que la culture Clovis, remontant à 16 000 ans, a laissé derrière elle des outils en pierre élaborés, sur des sites plus anciens n’abritant pas de tels artefacts, la mise en évidence de preuves claires de présence humaine s’avère nettement plus difficile.

Une équipe de chercheurs de l’université du Texas a procédé à la datation au carbone du collagène extrait d’un impressionnant tas d’os de mammouth, mis au jour sur un site paléontologique du Nouveau-Mexique. Celle-ci a révélé qu’ils avaient entre 36 250 et 38 900 ans. Bien que le site où les ossements ont été découverts n’abrite pas d’outils en pierre typiques habituellement associés au dépeçage, les chercheurs ont découvert toute une série de caractéristiques évocatrices.

Les scanners par tomodensitométrie à rayons X ont révélé des éclats d’os présentant des réseaux de fractures microscopiques similaires ceux trouvés dans les os de vache récemment taillés ainsi que des perforations destinées à drainer la graisse des os vertébraux et des côtes. « Il n’y a que deux façons efficaces de dépecer une bête, et les schémas observés sont tout à fait caractéristiques », estime Timothy Rowe, paléontologue à l’université du Texas et auteur principal de la nouvelle étude, parue dans la revue Frontiers in Ecology and Evolution.

Trois côtes de mammouth provenant du site, présentant (de haut en bas) un traumatisme par objet contondant, une blessure par perforation et des traces de découpe — © University of Texas High-Resolution / X-ray Computed Tomography Facility

En outre, les analyses chimiques des sédiments autour des os ont révélé la présence de résidus organiques n’étant pas dus à des feux de forêt ou à la foudre, mais plutôt à une combustion soutenue et contrôlée. Les couches sédimentaires du site contenaient également des os pulvérisés et des restes brûlés de petits animaux, comprenant des poissons, des oiseaux, des rongeurs et des lézards.

Des découvertes précieuses

Impliquant qu’Homo sapiens se soit établi en Amérique du Nord 17 000 ans plus tôt qu’on ne le pensait, de telles découvertes viennent étayer des théories antérieures fondées sur des preuves génétiques. Provenant de populations indigènes d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale, celles-ci suggéraient l’existence d’au moins deux populations humaines fondatrices en Amérique du Nord : les Clovis et une société pré-Clovis ayant une lignée génétique différente.

Selon Rowe, ces anciens humains étaient très probablement originaires d’Asie du Nord-Est. Toutefois, la question de savoir s’ils ont emprunté une route côtière ou plus continentale reste ouverte. « Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour clarifier les schémas de migration et de peuplement de ces premières populations humaines, ainsi que leurs caractéristiques comportementales, cognitives et culturelles », conclut le chercheur.

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Le tas d’ossements de mammouth analysé par les chercheurs — © Timothy Rowe / The University of Texas at Austin
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