La question de la nature chimique de l’Homme intrigue scientifiques et philosophes depuis des siècles. Est-ce que l’être humain est une structure organique, inorganique ou une combinaison des deux ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la réponse est loin d’être univoque.
Les composés organiques et inorganiques
Eric Galbraith, professeur au département des sciences de la Terre et des planètes de l’université McGill, affirme qu’il n’y a pas de consensus strict sur les définitions d’« organique » et « inorganique ». En règle générale, un composé est considéré comme organique s’il contient des atomes de carbone liés à de l’hydrogène ou à d’autres atomes de carbone. Ces composés peuvent également inclure des éléments comme l’oxygène, l’azote, le soufre et le phosphore. Des exemples notables incluent le méthane (CH4), le glucose (C6H12O6) et l’ADN.
D’un autre côté, les composés inorganiques ne proviennent pas d’organismes vivants et n’ont pas de liaisons carbone-hydrogène. Parmi les exemples, citons le chlorure de sodium (NaCl), l’ammoniac (NH3) et le chlorure de calcium (CaCl). Il est important de noter que cette définition chimique d’« organique » diffère de celle utilisée dans le domaine alimentaire, où le terme désigne généralement des produits cultivés sans utilisation de produits chimiques synthétiques. Mais, dans le contexte chimique, l’appellation « organique » est beaucoup plus vaste et n’implique pas nécessairement une origine naturelle ou saine.
Les éléments constitutifs du corps humain
Le corps humain est un assemblage complexe mais essentiellement constitué de six éléments majeurs : oxygène, carbone, hydrogène, azote, calcium et phosphore. Ces six éléments représentent environ 99 % de la composition totale du corps humain. De plus, d’autres éléments tels que le soufre, le potassium, le sodium, le chlore et le magnésium complètent le reste. Elisabeth Ratcliffe, de la Royal Society of Chemistry, souligne que même des éléments apparemment minuscules, comme le fer, ont une importance cruciale pour le fonctionnement du corps, bien qu’ils ne représentent qu’une petite fraction de notre composition totale.
La plupart de ces éléments constituent des molécules organiques, qui sont le fondement des cellules et des processus métaboliques. Cependant, il est également crucial de reconnaître que notre corps contient des composés inorganiques indispensables. Par exemple, les cristaux minéraux dans les os et les dents sont inorganiques, tout comme l’eau qui constitue une grande partie de notre poids corporel.
Un équilibre entre l’organique et l’inorganique
La question de savoir si l’Homme est organique ou inorganique semble simpliste en regard de la complexité biochimique de notre corps. En fait, il est plus exact de dire que la vie humaine est une danse délicate entre ces deux types de composés. Les fonctions vitales, comme la respiration et la digestion, nécessitent une interaction constante entre les molécules organiques et inorganiques. Par exemple, l’oxygène inspiré et le dioxyde de carbone expiré sont inorganiques, mais ils jouent un rôle clé dans notre métabolisme, qui est un processus essentiellement organique.
Tous ces éléments suggèrent que plutôt que de catégoriser le corps humain comme étant strictement organique ou inorganique, il serait plus approprié de le considérer comme un écosystème chimiquement diversifié. Finalement, la nature chimique de l’Homme ne se prête pas à des classifications simplistes. Plutôt que de le voir comme une entité exclusivement organique ou inorganique, il est plus éclairant de considérer l’Homme comme une structure biochimique complexe où l’organique et l’inorganique coexistent et interagissent en permanence.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: IFL Science