Amateur de bande dessinée ou non, tout le monde a déjà entendu au moins une fois le nom de Marvel. Aussi appelée la Maison des Idées, cette société d’édition a su regrouper les plus grands talents des époques qu’elle a traversées pour créer les personnages et les histoires qui ont bercé des générations entières. Aujourd’hui, nous nous penchons sur sa création, et pour ce faire, un petit voyage dans le temps s’impose, vers l’année 1940.

L’apparition du terme Marvel

Alors que les États-Unis souffrent encore de la Grande Dépression et que l’Europe s’apprête à être ravagée par une guerre sans précédent, une petite entreprise d’édition fait ses débuts sur un marché alors presque vide, celui du comic book. Elle porte un nom qui ne résonnera que peu dans les oreilles des néophytes, Timely Comics, mais qui utilisera dès ses premiers travaux la marque qu’on lui connait aujourd’hui. C’est en effet dès 1939 que le terme Marvel apparait, dans la première publication de la société, Marvel Comics N°1.

Une société en construction

La toute fin des années 30 sera, pour la société, l’instant qui transformera ses dirigeants mais aussi le reste de l’industrie. En effet, à cette époque, Martin Goodman à la tête de Timely décide de créer sa propre équipe créative et met fin à sa collaboration avec Funnies, jusque-là créateur des histoires de la maison d’édition. Pour ce faire, il va proposer à des employés de son ancien collaborateur de tout abandonner pour l’accompagner dans ce qu’il voit déjà comme une grande aventure.

En 1939, c’est l’artiste Joe Simon qui rejoint les rangs de l’entreprise pour s’installer au poste de rédacteur en chef. L’année d’après, le nouveau chef des rédactions est rejoint par son collègue et ami Jack Kirby. Ensemble, ils décident d’innover et de transformer les comics en proposant une nouvelle forme de narration et de nouveaux dessins.

Jack Kirby sera à l’origine de héros comme Hulk, Thor ou Les Quatre Fantastiques
Susan Skaar / Creative Commons

La charge de travail est telle qu’il faut bientôt engager de l’aide et c’est Mme Goodman qui profitera du besoin de son mari pour placer un membre de sa famille. Le jeune Stanley Martin Lieber n’a alors que 17 ans et obtient donc, par piston, le devoir de remplir les corvées de la société. On lui confie aisément les tâches simples pour laisser aux artistes toute la concentration nécessaire à la création d’œuvres mémorables.

LES SUPER-HÉROS APPORTENT UN PEU DE POSITIF À UNE AMÉRIQUE AFFAIBLIE

Lui rêve de devenir écrivain, et c’est avec l’aide et l’appui de Joe Simon qu’il pourra se lancer dans son rêve. A l’époque, les comics sont méprisés et considérés comme une sous-culture allant à l’encontre de l’apprentissage et des bonnes manières de ses lecteurs. Cela n’empêchera pas le jeune homme de tenter sa chance, sous différents pseudonymes.

Face à la difficulté de la vie, aux problèmes économiques et politiques, aux guerres et dangers extérieurs, la culture populaire américaine s’est, depuis peu, créé de nouvelles idoles. Si la politique ne veut pas se mêler de ce qui est encore considéré comme une guerre extérieure, celle de l’Europe, la maison d’édition voit en cette nouvelle tendance une chance de moderniser ses récits.

C’est en décembre 1940 que Captain America fait sa première apparition
P Lo / Flickr

Des super-héros apportant un peu de positif à une Amérique affaiblie

Nous sommes en 1941 et des héros supérieurs dotés de pouvoirs extraordinaires, qui prêtent allégeance à la bannière étoilée pour protéger la veuve et l’orphelin, voient le jour. Qu’importent les problèmes qu’ils rencontrent, ces super-héros finissent toujours par gagner, apportant un peu de positif à une Amérique affaiblie.

En deux ans seulement, la maison d’édition fera naître quelques-uns des plus grands héros de l’époque : Captain America prend le chemin de la guerre pour tabasser du nazi quand la Torche humaine et le Sub-Mariner l’aident de temps en temps en protégeant le pays. La guerre justement, aidera le Capitaine qui, dès l’entrée des États-Unis dans le conflit, verra ses ventes exploser, allant presque jusqu’à un million d’exemplaires par épisode.

De 1942 à 1945, Stanley Lieber rejoint l’armée et y réalise des documents pédagogiques

Un succès mérité certes mais surprenant pour ses créateurs, Simon et Kirby. Le personnage devient un héros pour le peuple mais aussi et surtout un moyen de propagande efficace qui entretient l’effort de guerre, le soutien des familles et l’adoration des enfants pour les membres de l’armée américaine.

Alors que les directeurs de la société ont tous (ou presque) été appelés sous les drapeaux, les héros continuent de connaître le succès et tous ont leur propre série. Héros de leurs histoires, ils se retrouvent fréquemment pour mener ensemble d’ultimes combats, des aventures épiques et passionnantes. Nommée All Select Comics, cette collection de crossovers permet aussi à d’autres personnages, plus discrets, de connaître leurs heures de gloire. Au menu et au côté du célèbre trio, la Veuve noire et The Whizzer font leurs débuts.

STANLEY LIEBER COMPTE SE SERVIR DE LA SCIENCE ET DES DÉCOUVERTES POUR CRÉER DE NOUVEAUX HÉROS

Dans le même temps et alors que des scientifiques de l’université de Berkeley annoncent avoir découvert le plutonium, une matière radioactive, le jeune Stanley est promu au poste de rédacteur en chef de l’entreprise. Il n’a alors que 18 ans et compte bien se servir de la science et des découvertes pour créer de nouveaux héros, aptes à supporter le pays.

L’après-guerre

Heureusement pour le pays, la guerre ne dure pas et malheureusement pour la société, les Américains n’ont plus besoin de réconfort suite au succès de leur armée en territoire étranger. Les ventes de l’entreprise chutent et bientôt, Timely doit se renouveler. Au programme de cette nouvelle jeunesse, des parutions oubliées qui auront tout de même aidé la société à survivre en ces temps difficiles : romance, comédie, des histoires d’animaux, des histoires policières et des westerns représenteront une vaste majorité des exemplaires publiés.

En seulement quelques années, le monde s’est détourné des super-héros, jadis adulés, faisant, petit à petit, sombrer l’industrie tout entière. Tous tentent de se relever, que ce soit DC Comics ou Timely (qui prendra bientôt le nom d’Atlas Comics) en collant au mieux à ce que souhaite le public. Une personne toutefois semble avoir entendu le souhait des lecteurs qui achètent, par routine, les histoires qu’on leur met sous le nez.

De la surprise et de l’aventure

De la surprise, de l’aventure, voilà ce vers quoi devront tendre les nouveaux récits de la Maison des Idées. Cette personne, c’est bien évidemment Stanley Lieber, le rédacteur en chef de la société. Avec le temps, l’homme tentera d’effacer son nom de naissance au profit de son pseudo ; Stan Lee sera désormais l’homme qui mènera l’entreprise vers le succès.

Stan Lee lors de la Phoenix Comicon de 2014
Gage Skidmore / Creative Commons

Avant de connaître le succès, Marvel aura connu une longue route pavée d’embûches : guerre, récessions, critiques, économie en baisse auront rendu difficile la bonne tenue de la firme. Heureusement, des passionnés ont pris les rênes de cette Maison des Idées et ont su porter haut et fort ses valeurs. L’aventure n’est pas terminée et l’industrie verra encore de nombreux problèmes mais survivra toujours, grâce à ses artistes.

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