Voilà des siècles que les Guarani se voient peu à peu dépossédés de leurs terres, utilisées pour développer l’agriculture et l’industrie du pays. Alors que le taux de suicide de cette tribu brésilienne est l’un des plus élevés au monde, leur chef a décidé d’agir en se lançant dans une campagne européenne de sensibilisation.

Chassés de leurs terres par le capitalisme

Colonisation portugaise, grands exploitants agricoles, violence… Les Guarani font face à une pression colossale et sont de plus en plus relégués dans des refuges de misère ou isolés au milieu des immenses fermes industrielles. Vivant à l’origine dans l’état brésilien du Mato Grosso do Sul depuis plus de 2000 ans, les Guarani sont expropriés au profit de la canne à sucre et du soja. La première sert notamment à produire du biocarburant, le second à nourrir le bétail des élevages industriels. La tribu des Guarani-Kaiowa, qui compte 60 000 personnes, est la plus touchée : leur culture se délite, leurs eaux sont polluées, leurs territoires ancestraux transformés…

Le taux de suicide des Guarani est directement lié à ces changements radicaux, face auxquels la tribu est impuissante. Une étude rapporte qu’en 2014, 232 suicides pour 100 000 individus octroyaient à la tribu le triste record du taux de suicide le plus élevé au monde. L’année précédente, 72 Guarani auraient mis fin à leurs jours, tandis qu’en 2015, 36 personnes auraient été assassinées par les autorités ou les grands exploitants.

Une pression favorisée par le gouvernement brésilien

Malgré ces suicides, les Guarani restent mobilisés pour faire respecter leurs droits. En effet, la délimitation de leur territoire est reconnue et inscrite dans la Constitution brésilienne depuis 1998, mais toujours pas appliquée. En 2017, un décret du gouvernement Michel Temer a même autorisé la justice à réviser ces limites.

Le Congrès brésilien pourrait aller plus loin en transférant la responsabilité de la démarcation territoriale au Parlement. Sachant que, comme le souligne l’Association des Amis des Sans Terre du Brésil, 207 membres sur les 594 seraient des représentants directs de la puissante industrie agricole, cette mesure jouerait clairement contre les Guarani.

Un chef guarani en Europe

C’est pour sauver son peuple de l’extermination que Ladio Veron, un chef guarani et fils du leader Marcos Veron, est arrivé en Espagne, afin de battre l’Europe pendant 3 mois pour sensibiliser au sort de sa tribu, qu’il résume ainsi sur le site espagnol ABC : « Nous subissons la faim, nous n’avons pas d’eau potable ni de bois de chauffage, nous vivons agglutinés sur le bord de la route, sous des bâches noires, nous y mourrons de chaud. »

Ladio Veron est menacé de mort au Brésil. Environ 380 leaders guarani auraient été victimes de dirigeants brésiliens et indirectement assassinés ou emprisonnés par des groupes de sécurité privés, au nom de la rentabilité et du développement économique du pays. Au programme de Ladio Veron dans les semaines à venir : une visite du Parlement européen, et une arrivée en France prévue pour le 20 mai 2017, où il devrait rencontrer l’association des Amis des Sans Terre du Brésil.

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