L’os sculpté découvert par les archéologues allemands — © V. Minkus / NLD

Un artefact préhistorique a récemment été découvert dans une grotte du massif du Harz, dans le centre de l’Allemagne. Gravé par des Néandertaliens il y a des dizaines de milliers d’années, cet os d’orteil de cerf géant pourrait être la plus ancienne œuvre d’art connue.

Des marques clairement ornementales

Décrit dans la revue Nature Ecology & Evolution, l’os possède une face avant ornée de chevrons superposés et d’incisions plus petites sur le bord inférieur qui ont sans doute servi de base. Lorsque l’artefact a été placé sur sa base, il ne s’est pas renversé, ce qui suggère que celui-ci aurait sans doute été posé dans un coin de la grotte d’Einhornhöhle. Un site également connu sous le nom de « grotte de la Licorne », en raison des nombreux os fossilisés y ayant été découverts depuis le XVIe siècle et qui, selon la croyance locale, provenaient de ces légendaires créatures.

Les fouilles modernes menées dans la grotte ont montré qu’elle avait été occupée par des générations successives de Néandertaliens depuis au moins 130 000 ans, jusqu’à leur extinction il y a 47 000 ans. Ce n’est que bien plus tard, il y a environ 12 000 ans, que les humains modernes l’ont investie.

Selon l’archéologue Dirk Leder, auteur principal de l’étude, l’artefact (près duquel des omoplates de cerf ainsi que le crâne d’un ours des cavernes ont été découverts) a été gravé par des mains néandertaliennes plutôt qu’humaines. Bien que notre espèce et les Néandertaliens se soient croisés pour la première fois il y a 51 000 ans environ, ces derniers étaient à l’époque les seuls hominidés présents dans cette partie de l’Europe.

Images réalisées à partir de scans micro-tomodensitométrie de la relique. Un total de 10 entailles profondes ont été trouvées sur l’os, dont six (en rouge) utilisées pour créer le motif en chevron — © A. Tröller-Reimer / D. Leder / NLD

En ce qui concerne la signification des chevrons, les archéologues ne peuvent que spéculer. Ils pourraient représenter une silhouette féminine, un paysage de montagne ou une figure abstraite. Il semble toutefois plus certain qu’il s’agisse d’une gravure délibérée et non du résultat d’un dépeçage. Les entailles sont profondes, ce qui suggère que l’orteil a probablement été bouilli au préalable pour le rendre plus tendre. Appelée Megaloceros giganteus, l’espèce de cerf préhistorique dont l’os provenait était par ailleurs assez rare dans la région, ce qui aurait rendu l’œuvre d’art d’autant plus spéciale.

Une réputation de brute loin d’être justifiée pour les Néandertaliens

Cet artefact symbolique n’est pas unique dans la culture néandertalienne. Auparavant, des chercheurs avaient découvert un pendentif fabriqué à partir de serres d’aigle anciennes et des peintures rupestres réalisées par des artistes néandertaliens en Espagne. L’ensemble de ces découvertes montre que la réputation de brute des Néandertaliens était loin d’être justifiée.

Mais cela soulève également une possibilité encore plus intéressante : puisque les humains et les Néandertaliens partageaient tous deux des capacités créatives, il est possible qu’ils les aient héritées d’un ancêtre commun. Si tel est le cas, nous devrons peut-être chercher encore plus loin dans l’Histoire pour déterminer à quel moment et à quel endroit ces capacités sont apparues pour la première fois.

Leder et ses collègues prévoient d’effectuer d’autres fouilles à Einhornhöhle dans l’espoir de trouver d’autres objets gravés, se cachant peut-être dans un recoin sombre de la grotte.

La grotte de la Licorne — © Wikimedia / CC BY-SA 4.0
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LOUIS MARTEL
LOUIS MARTEL
2 années

L’origine des chevrons de Citroën ?