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26 % des Français sont persuadés que le Covid-19 a été créé en laboratoire

Les théories du complot se propagent encore plus vite en ces temps anxiogènes

Comme chaque phénomène de grande ampleur, l’épidémie de coronavirus a entrainé une vague de théories du complot. L’Ifop a publié une étude révélant que 17 % des sondés pensent que le virus a été développé « intentionnellement » dans un laboratoire » et 9 % qu’il a été fabriqué « accidentellement« . Analyse de ces pourcentages.

Une fibre complotiste assez présente

L’épidémie de coronavirus dans le monde a entrainé sont lot de théories complotistes. Certaines rumeurs racontent que le virus SRAS-CoV-2 a été fabriqué par des scientifiques et s’est accidentellement échappé d’un laboratoire de la ville chinoise de Wuhan, épicentre de l’épidémie, ou même de l’Institut Pasteur. Bien entendu, ces rumeurs sont absolument fausses ! Néanmoins, il est intéressant de voir quels échos elles trouvent dans l’esprit des Français.

L’Ifop a publié ce samedi 28 mars une étude qui a été réalisée en ligne du 24 au 26 mars, auprès d’un échantillon de 1 008 personnes de plus de 18 ans. Il en ressort que 26 % des Français pensent que le nouveau coronavirus a été fabriqué en laboratoire, et ce, de façon intentionnelle pour 17 %. Le coronavirus est « apparu de manière naturelle » pour 57 % des Français, tandis que 17 % ne se prononcent pas, selon l’étude réalisée pour la fondation Jean-Jaurès et l’Observatoire du conspirationnisme Conspiracy Watch

Cette étude a été menée après la publication d’une enquête similaire du Pew Research Center réalisée aux États-Unis du 10 au 16 mars, soit à des dates très proches de l’étude française. Il en ressort que 29 % des Américains pensent que le coronavirus a été fabriqué en laboratoire, de façon intentionnelle pour 23 % des sondés et accidentelle pour 6 %, tandis que 43 % pensent qu’il est apparu de manière naturelle. 25 % ne se prononcent pas. Les résultats sont donc assez proches, quoique les Américains apparaissent légèrement plus complotistes, ce qui peut s’expliquer par le contexte marqué par “les passes d’armes verbales entre autorités chinoises et américaines sur l’origine du virus, chaque gouvernement accusant l’autre d’avoir une responsabilité dans la création ou la propagation du Covid-19”, comme l’explique la fondation Jean-Jaurès.

— diy13 / Shutterstock.com

Les profils politiques des sondés déterminants

Les opinions politiques paraissent avoir leur rôle à jouer quant à la prédisposition aux croyances complotistes. En effet, les sympathisants du Rassemblement National sont 40 % à croire que ce virus a été « intentionnellement » fabriqué en laboratoire, et 15 % « accidentellement« . 29 % pensent qu’il est « apparu de manière naturelle« . Les sympathisants de La République en Marche sont en revanche seulement 2 % à penser que le virus a été fabriqué « intentionnellement » en laboratoire, et 7 % « accidentellement« . 84 % pensent qu’il est « apparu de manière naturelle”.

Le choc des générations

L’étude révèle qu’il y a un véritable écart générationnel dans la réception aux théories complotistes. Ainsi, 27 % des moins de 35 ans pensent que le virus a été développé intentionnellement dans un laboratoire, contre seulement 6 % des plus de 65 ans. En revanche, les plus de 65 ans sont 12 % à penser que le virus a été fabriqué « accidentellement » en laboratoire, contre 5 % des moins de 35 ans.

La fondation Jean-Jaurès déclare que “cette plus grande porosité des jeunes générations à l’hypothèse d’une origine intentionnelle du Covid-19 renvoie notamment, comme on a pu le montrer lors de nos enquêtes précédentes, à un usage beaucoup plus développé des réseaux sociaux et d’Internet pour s’informer chez les jeunes que dans les générations les plus âgées”, étant donné que ce sont surtout les réseaux sociaux qui véhiculent des fake news.

La classe sociale joue aussi un rôle

Le niveau de vie et le bagage socioculturel ont également leur importance quant au degré d’adhésion conspirationniste. Ainsi, la croyance que le virus a été conçu intentionnellement décroît à mesure qu’on progresse dans les catégories de population vers les plus aisées. En effet, les catégories “pauvres” sont 22 % à penser que le virus a été fabriqué « intentionnellement » en laboratoire tandis que les catégories aisées ne sont que 4 %.

La fondation Jean-Jaurès explique ce phénomène par le fait que, « cultivant une profonde défiance vis-à-vis des élites et des autorités, les milieux populaires ont une propension plus importante à croire à des récits mettant en scène des complots ou des stratégies secrètes mises en œuvre par des puissances institutionnelles ou financières pour servir leurs propres intérêts au détriment du peuple ou de ceux d’ »en bas » ».

En revanche, il apparaît que sentiment d’inquiétude et complotisme ne sont pas corrélés.

Par Maurine Briantais, le

Source: L'Express

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